Invité de marque lors du récent « Spark E-Day » à Spa-Francorchamps, Jérôme D’Ambrosio est revenu pour F1i sur son aventure en Formula E dont il s’apprête à débuter la quatrième campagne sous les couleurs de Dragon Racing. Une dernière rencontre décontractée avant de se replonger dans le grand bain, ces 2 et 3 décembre dans les rues de Hong Kong.

Bonjour Jérôme, comment te sens-tu à la veille de la reprise du championnat ? 

Plutôt positif. Les essais d’avant-saison à Valence se sont bien déroulés. On réalise le meilleur temps de la deuxième journée alors qu’on ne visait pas la performance. Cela nous met en confiance quant au potentiel de la voiture et je pense qu’on sera en mesure de se battre pour le top 5 en qualification. Pour la course, ça sera une autre paire de manches avec encore un peu de travail autour des systèmes de récupération d’énergie. Mais si la voiture est rapide d’emblée, c’est très prometteur.

Tu auras un nouvel équipier en la personne de Neel Jani : amène-t-il les ingénieurs de Porsche dans ses bagages ?

C’est vrai que Porsche suit avec intérêt ce qui se passe en FE et qu’ils ont placé deux pilotes (Jani chez Dragon et André Lotterer avec Techeetah, ndlr), mais cela ne signifie pas qu’ils vont directement collaborer avec nous. Jay Penske, le patron de Dragon Racing, est évidemment attentif à l’évolution du marché mais il souhaite rester autonome tant qu’un partenariat solide n’est pas en place avec un constructeur. Il a été un peu échaudé par l’échec de notre collaboration avec Faraday Future la saison passée.

Après deux premières saisons réussies, vous sortez en effet d’une année plus difficile. A quoi attribuer les problèmes rencontrés ?

Comme souvent, c’est le résultat non pas d’un élément mais d’une multitude qui ont joué en notre défaveur. En performance pure, rien à redire, l’ensemble moteur-transmission fonctionnait très bien. C’est plutôt du côté de la compréhension des pneus et de la gestion de l’énergie en course que l’on a davantage pêché. Michelin a conçu un pneumatique très difficile à exploiter, ce qui explique en partie les écarts de performance que l’on a pu voir chez certains pilotes d’un week-end à l’autre.

Heureusement, on a beaucoup travaillé sur cet aspect-là l’été dernier et j’espère qu’on sera en mesure de mieux comprendre les plages d’utilisation du pneu. Autrement, je pense qu’il y a encore de gros progrès à faire chez toutes les équipes en matière de stratégie de course. L’idéal serait de pouvoir mettre en place un système qui fonctionne suffisamment bien afin qu’on puisse davantage se concentrer sur la performance. Aujourd’hui, on est amené à piloter limite avec le nez dans le volant tous les 3-4 virages pour surveiller la consommation d’énergie, la température de la batterie, etc.

Est-ce que ces nombreux paramètres à gérer peuvent parfois expliquer le déséquilibre de performance entre certains pilotes ? Davantage qu’en Formule 1 ? 

Soyons clairs, le niveau en Formule 1 est très élevé, et ce dans tous les secteurs. Un avantage pour ces pilotes est de pouvoir compter sur des ingénieurs capables de gérer tous les paramètres complexes de la voiture. En comparaison, la Formula E est une discipline qui met énormément en exergue les détails. De toutes les voitures que j’ai pilotées dans ma carrière, la Spark est sans doute la plus compliquée à cause, justement, de tous ces paramètres relativement récents que le pilote doit apprendre à exploiter.

Mais ce qui rend le pilotage de la voiture difficile vient du peu d’appui aéro et du faible grip mécanique. Il ne faut pas oublier non plus qu’on roule en ville, sur des routes bosselées. Ce n’est pas une voiture qui vous met en confiance par rapport à une Formule 1, par exemple. Une F1 embarque une telle technologie que son comportement est proche de la perfection. Une Formula E fonctionne très bien au niveau de sa propulsion mais pèche encore du côté du châssis. C’est davantage un choix de la fédération plutôt qu’un défaut technologique. Cela pimente les courses et le public en redemande.

© G. Alvarez

Jérôme en compagnie du scientifique Bertrand Piccard lors du « Spark E-Day » à Spa. 

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