Prost sera approché pour piloter la MP4/9 en Grands Prix. « Non merci, sans façon », dira-t-il.

Mais les hommes de Woking se rendirent vite compte de l’ampleur de la tâche qui les attend avec Sochaux. Le V10 Peugeot A4, extrapolation du bloc qui propulsa naguère les 905 dans la Sarthe, crache seulement 700 chevaux. C’est… 90 de moins que son homologue au losange ! Mais surtout, le dix cylindres du Lion a la fâcheuse tendance à s’autodétruire. Ainsi, quand Martin Brundle essaie la McLaren pour la première fois à Estoril durant l’hiver, son moteur explose dès son premier passage devant les stands !

Ron Dennis espère convaincre Alain Prost de se glisser dans le baquet laissé vacant par Ayrton Senna. Le Professeur essaie la MP4/9, mais se rend vite compte qu’il sera très dur d’aller chercher les Williams. Le champion du monde en titre préfère donc passer son tour sans faire de bruit. En coulisses, Peugeot et Jabouille poussent énormément pour que son pilote-vedette Philippe Alliot épaule Mika Häkkinen. Mais Ron Dennis n’est pas de cet avis, considérant l’ex-pilote Ligier et Larrousse comme peu rapide et enclin aux accidents. Le manager britannique tient bon et parvient in extremis à placer Brundle dans la McLaren n° 8.

Avec un moteur fragile comme du verre et des dissensions avec son partenaire quant au line-up, le début de la campagne 94 ne pouvait être que laborieux pour McLaren. Et il le fut. Lors du coup d’envoi de la saison à Interlagos, Häkkinen n’est que huitième sur la grille tandis que Brundle est… 18ème ! S’en suit un double abandon, le Finlandais étant lâché par son moteur après 8 tours tandis que le Britannique est impliqué dans le spectaculaire carambolage dans lequel sont également pris Irvine, Bernard et Verstappen. « Il y avait une marque impressionnante sur mon casque, dira plus tard Brundle. Heureusement, c’est l’arceau de sécurité qui a tout encaissé. C’est ce jour-là que je suis passé aussi près de la Mort. » Guère mieux à Aïda avec un bris de boîte pour Mika et une surchauffe pour Martin.

Ron Dennis en discussion avec Jean-Pierre Jabouille (Peugeot Sport) : attention, friture sur la ligne !

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