Il a sans doute serré les dents en apercevant la vague, mais il n’a pas coupé les gaz…

Ce jour-là donc, le 23 août 1987, il y a exactement trente ans, nous somnolions autour de la piscine quand le téléphone sonna. Richard Dallest s’est levé nonchalamment pour aller décrocher et puis, blême, il nous annonça aussitôt la nouvelle avec son accent marseillais : « Didier s’est tué ! Avé le bateau… ». Il venait de gagner la course précédente au large de la Norvège, il avait pris confiance et n’envisageait pas une seconde de ne pas s’imposer à nouveau sur l’île de Wight. Il a sans doute serré les dents en apercevant la vague devant lui, mais il n’a certainement pas coupé les gaz.

La mer l’a emporté, nos amis Bernard Giroux et Jean-Claude Guénard avec lui, et nous sommes restés avec un immense chagrin en attendant l’émission spéciale « Sports Dimanche » de TF1 ce soir-là. Avec des sanglots dans la voix, Jean-Michel Leulliot confirma la nouvelle. Pendant deux heures, on revit Didier et surtout Bernard, la vedette de la chaîne. Plus qu’un journaliste, Bernard était d’abord un amoureux de la vie prêt à relever tous les défis, vainqueur du Paris-Dakar avec Ari Vatanen pour Peugeot et capable de traverser le désert du Ténéré… à pied !

Par un étrange signe du destin, TF1 me proposa de remplacer Bernard Giroux dans les stands lors du Grand Prix suivant à Monza. Ma carrière audio-visuelle se limitait alors à mes débuts en Belgique à la RTBF (radio) et sur RTL (en télé) puis en assurant les commentaires des Grands Prix pour TMC à Monaco. La subite disparition de Bernard me propulsa soudain sur la première chaîne de France au moment de la privatisation et alors que l’âge d’or de la F1 approchait, avec le fameux duel Prost-Senna. Triste concours de circonstances, hasard de l’existence…

Bernard Giroux avec Didier : le journaliste était un aventurier, désireux d’explorer ses limites.

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