#4 Jo Schlesser (1966-1968)

Dans la famille Matra, je demande Jo, le papy ! Ce Lorrain n’avait certes pas le physique d’un winner mais il était un pilote tout-terrain, qui faisait partie du paysage depuis le début des années 50. Rallyman comme pistard, ses victoires de classe à Daytona et Sebring au volant des merveilleuses Cobra dopées par Carroll Shelby prouvent qu’il sait y faire.

Lagardère choisit de confier au moustachu une F2 officielle. C’est à son volant que Jo participe à ses deux premiers Grands Prix, à chaque fois sur le Nürburgring où les Formule 2 sont admises au départ. Dixième en 66, il doit baisser les armes en 67 sur bris d’embrayage. En juillet 1968, son vœu est exaucé : sur insistance de l’importateur, Honda lui propose le volant de sa nouvelle RA302 pour son épreuve nationale à Rouen.

En juillet 1968, son vœu est exaucé : sur insistance de l’importateur, Honda lui propose le volant de sa nouvelle RA302 pour son épreuve nationale à Rouen.

Le constructeur nippon cherche un pilote suffisamment courageux pour se glisser dans une monoplace que John Surtees considère comme étant trop dangereuse ! Mais peu importe pour le quadra qu’est Schlesser : prendre part à son premier « vrai » Grand Prix de Formule 1 vaut bien de se faire violence. Point de salut en qualification avec l’avant-dernier chrono. Le ciel est lourd le jour de la course et les vannes célestes ne tardent pas à s’ouvrir. Au troisième tour, Jo part à la faute dans la courbe des Six Frères pour aller percuter un talus de plein fouet.

La coque en magnésium de la Honda brûle comme du foin. Il faut vite se rendre à l’évidence : on ne peut rien faire pour l’infortuné Schlesser, prisonnier des flammes. Pour Jean-Pierre Beltoise, qui l’a côtoyé chez Matra, en sera dévasté : « J’ai tout de suite compris que Jo était mort. Ça m’a coupé les pattes. Pour moi, le week-end s’arrêtait là. ». Guy Ligier, son pote et complice de l’épopée Ford France, lui rendra en hommage en apposant les initiales JS sur toutes ses créations.

Réagir à cet article