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Il faisait partie de cette génération de pilotes charismatiques des années soixante, de ces survivants qui sont revenus de rudes combats quand la sécurité des circuits et des voitures était encore balbutiante. Avec son physique de G.I. et un indéniable capital sympathie, Dan Gurney a marqué son époque… et la suivante. Hommage.

Daniel Sexton Gurney s’est révélé au milieu des années cinquante dans sa Californie natale avant de débarquer en Europe où il a couru en F1 pour Ferrari, BRM, Porsche, Brabham, Eagle et McLaren, excusez du peu ! Cinquante ans avant le Haas F1 Team et en avant-garde d’un débarquement US (Shadow, Parnelli, Penske et Beatrice/Haas), son équipe AAR (Anglo American Racing ou All American Racers, c’est selon) avait ouvert la voie pour les teams américains en F1.

Les années soixante correspondent à une première forme de mondialisation du sport automobile, quand Ford (d’abord avec les Cobra Shelby, qui ont vaincu les Ferrari GTO dès 1964 dans le championnat du monde des marques, puis les légendaires GT40) est venu défier Ferrari au Mans tandis que Goodyear et Firestone finançaient différents programmes, d’Indianapolis – où les monoplaces européennes à moteur arrière faisaient la loi – jusqu’à la Formule 1.

C’est précisément grâce au financement de Goodyear que Gurney a pu réaliser son rêve, celui de concevoir sa propre monoplace sous le joli nom d’Eagle. Son écurie était constituée d’un petit commando, autour de l’ingénieur Len Terry et du chef-mécanicien Jo Ramirez. Un moteur V12 Weslake fut commandé pour propulser la magnifique Eagle qui n’a malheureusement couru que pendant deux saisons. Gurney a tout de même vécu le grand bonheur de remporter une victoire en Grand Prix au volant de sa voiture : c’était à Spa en 1967.

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Reconstitution de sa victoire à Spa 35 ans après, sous la pluie des Ardennes : émouvant !

Trente-cinq ans plus tard, F1i Magazine a participé à une reconstitution de l’événement, en collaboration avec le magazine américain Road & Track, et Dan Gurney est revenu sur le terrain de ses exploits pour boucler quelques tours au volant de l’Eagle (voir photo ci-dessus), sous une pluie battante comme il se doit ! Il est resté le grand personnage qu’il était, chaleureux et humble, passionné et magnétique.

Lors du dîner qui a suivi cette sympathique manifestation, Dan a rappelé que son succès à Spa était intervenu une semaine jour pour jour après un autre triomphe 100% américain auquel il avait contribué en imposant une Ford MkIV aux 24 Heures du Mans en compagnie d’A.J. Foyt, autre légende du sport auto US (photo ci-dessous, avec le célèbre magnum de champagne). « Ce fut la meilleure semaine de ma carrière, plaisantait-il. My best week at the office! »

Le fameux magnum de champagne du Mans, huit jours avant son triomphe à Spa : folle semaine !

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