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Un monument de la course nous a quittés. François Guiter, l’ancien patron de la compétition chez Elf, a été l’architecte du renouveau du sport automobile en France depuis le milieu des années soixante jusqu’à la fin du siècle dernier. Nageur de combat et familier des explorateurs comme le Commandant Cousteau ou le vulcanologue Haroun Tazieff, Guiter avait rejoint le pétrolier Elf au moment de son lancement, en 1967, avec la fameuse campagne publicitaire des ronds rouges dont il avait été l’instigateur.

Ensuite, pour dynamiser cette marque nouvelle, il se lança dans le sponsoring d’abord avec Matra, puis le Team Tyrrell (trois fois champion du monde de F1 avec Jackie Stewart en 1969, 1971 et 1973) avant de convaincre Renault de se relancer dans la course aux 24 Heures du Mans et finalement en Formule 1. C’est Elf qui avait financé le moteur V6 Gordini vu en proto deux litres avec les Alpines et en Formule 2 afin d’accompagner toute une génération de prometteurs pilotes français. Le moment venu, en 1975, le V6 ramené à 1500 cc fut équipé d’un turbocompresseur et révolutionna les Grands Prix en imposant cette nouvelle technologie au tournant des années 80.

Durant toute la carrière de François Guiter, la France a été dignement représentée en F1 (avec Matra, Ligier et Renault), au Mans (triple succès des Matra en 1972-73-74, puis triomphe de Renault en 1978) et en rallye (Alpine puis Renault). L’engagement de Renault encore aujourd’hui, ainsi que le soutien de Total (qui a englobé Elf) dans de multiples disciplines – par exemple avec Citroën en rallye – sont les fruits de l’héritage de François Guiter, l’homme qui a façonné le sport automobile français pendant trente ans. C’est lui aussi qui avait promu la Formule 1 à la télévision, en encourageant notamment la production de l’émission Auto Moto sur TF1.

La fameuse équipe de France des pilotes de Grand Prix en 1979 (Laffite, Jabouille, Arnoux, Depailler, Pironi, Jarier et Tambay) et l’éclosion d’Alain Prost, lauréat du Volant Elf qui allait dominer la F1 dans les années 80, doivent beaucoup à la vision de Guiter, à son management ambitieux, à ses valeurs morales également. L’homme avait du cœur et savait partager ses passions. Grand épicurien, il a bien vécu et il a fait vivre des sensations fortes à tous ceux qui l’ont suivi. Un homme de cette trempe manquera à la France, sur la scène du sport automobile en particulier.

AP

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