Juan Manuel Fangio aux côtés du dictateur Batista à Cuba en 1958.

La psychose qui régnait ce week-end à Sakhir m’a rappelé l’étonnant épisode de l’enlèvement de Juan Manuel Fangio à La Havane en 1958. On craignait en effet que des protestataires du régime en place à Bahreïn ne profitent du Grand Prix pour faire parler d’eux, même si la perspective du rapt d’un multiple Champion du monde n’a jamais été sérieusement évoquée !

En février 1958 donc, à l’aube de sa dernière saison, le grand Fangio participe au Grand Prix de Cuba pour voitures de sport au volant d’une Maserati. La course est organisée en l’honneur du  président Batista, qui avait pris le pouvoir dans l’île lors d’un coup d’état militaire en 1952. Un peu à l’image du Grand Prix de Bahreïn supposé unifié une nation derrière la famille régnante…

A la veille des essais, Fangio est kidnappé à son hôtel par des rebelles castristes emmenés par un certain Giamba. Les ravisseurs se comportent toutefois en gentlemen avec le champion argentin, lequel s’intéresse à leur cause pendant sa mise au vert forcée. L’affaire fait évidemment grand bruit et la course se déroule finalement sans Fangio, remportée par Moss mais arrêtée après un accident qui endeuille malheureusement l’épreuve. Le soir même, sur le coup de 20 heures, le quintuple champion du monde se présente libre à la porte de l’ambassade d’Argentine.

Le Grand Prix de Cuba ne fut plus jamais organisé, d’autant que Fidel Castro renversa le dictateur Batista quelque temps plus tard. Pas sûr que cela ait constitué une bonne nouvelle, avec le recul, mais l’anecdote de l’enlèvement de Fangio est restée dans les annales.

Le plus performant des pilotes de Grand Prix (avec 24 victoires sur 51 départs, soit un taux de réussite de 47 %) tira sa révérence l’été suivant, à l’âge de 47 ans, auréolé de ses cinq titres de Champion du monde, un record qui ne sera amélioré par Michael Schumacher que près de cinquante ans plus tard.

Fangio est mort dans son lit le 18 juillet 1995 dans sa ville natale de Balcarce, non loin de Mar del Plata où le Grand Prix d’Argentine pourrait bientôt revoir le jour.

Fangio pendant sa captivité à Cuba.

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