Multiple Champion du monde motocycliste dans les années 50, notamment au guidon des MV Agusta, John Surtees passa directement en Formule 1 en 1960 chez Lotus, puis plus tard sur Lola, avant de rejoindre la Scuderia Ferrari. En remportant la couronne mondiale en 1964 sur la Ferrari 158, « Big John » fut le premier – et le seul à ce jour – à être sacré à la fois sur deux et sur quatre roues. Il quitta Ferrari avec fracas, après une dispute avec le Commendatore et son directeur sportif Eugenio Dragoni, à la veille des 24 Heures du Mans 1966. Surtees fut récupéré par Honda, et remporta le Grand Prix d’Italie 1967 pour le constructeur japonais. Après un passage chez BRM en 1969, il décida de suivre les traces de Jack Brabham, Bruce McLaren et Dan Gurney (Eagle) en créant son propre team pour faire courir des monoplaces à son nom.

Tout au long des années soixante-dix, le Team Surtees fut ainsi présent sur le front des Grands Prix, mais sans jamais connaître le moindre succès. Mike Hailwood (un autre motard) remporta le Championnat d’Europe de Formule 2 sur une Surtees en 1972, sans répéter ce succès en F1. D’un caractère difficile, John Surtees s’adapta mal à l’évolution commerciale des Grands Prix et eut de plus en plus de mal à boucler les budgets. La saison 1978 fut un chant du cygne, Vittorio Brambilla ne ramenant qu’un petit point pour une 6e place à Zeltweg (le circuit où le robuste Italien avait remporté son unique victoire en F1 en 1975 sur March). Deux semaines plus tard, Brambilla a été une des victimes du terrible carambolage du départ à Monza fatal à Ronnie Peterson, et sa carrière en F1 en resta là. Pour disputer les deux derniers Grands Prix, au USA et au Canada, Big John fit appel au rookie René Arnoux (dont l’équipe Martini avait renoncé à poursuivre l’aventure outre-Atlantique) et au débutant Beppe Gabbiani.

Le Français fit mieux que se défendre, en se classant 8e à Watkins Glen où Gabbiani ne se qualifia pas. Le petit italien échoua à nouveau au Canada, où René hissa la Surtees TS20 orange au 16e rang sur la grille, pour malheureusement abandonner (pression d’huile) au 37e tour du premier Grand Prix couru sur l’île Notre Dame à Montréal, remporté par Gilles Villeneuve sur Ferrari. Arnoux allait rebondir chez Renault la saison suivante, dont on se souvient du somptueux duel qui l’opposa à Villeneuve sur le toboggan de Dijon, une formidable bagarre restée dans les annales de la F1.

Plus jamais on ne revit une Surtees en Formule 1, Big John se repliant sous sa tente dans le Kent pendant de nombreuses années avant de réapparaître à la tête d’A1 Team Great Britain, puis d’accompagner son fils Henry jusqu’en Formule 2. Hélas, Surtees Junior perdit la vie dans un dramatique accident en F2 à Brands Hatch. Il vient encore épisodiquement sur les Grands Prix en VIP de luxe, car il est proche de Bernie Ecclestone, ancien motard comme lui. Après Mike Hailwood, un autre Champion du monde motocycliste, Johnny Cecotto, parvint à la F1 sans y percer, tandis que plus récemment Valentino Rossi s’est essayé au volant d’une Ferrari… mais il ne sauta pas le pas.

Pour ceux qui comprennent l’anglais, voici une vidéo d’un intéressant portrait de John Surtees réalisé par notre confrère Steve Ryder :

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