Alors que la marque italienne effectuera son retour officiel dans les Grands Prix cette saison après avoir repris l’écurie Sauber sous le nom « Alfa Romeo Racing », coup d’œil dans le rétro de l’entre-deux guerres, quand la Scuderia Ferrari faisait courir les Alfa, pour mieux comprendre pourquoi les Alfetta dominèrent la F1 lors de la création du championnat du monde en 1950.

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Le grand Tazio Nuvolari fut de tous les combats avec Alfa.

Dès son accession à la tête de l’Italie, Benito Mussolini comprend très vite le pouvoir de séduction des voitures de course pour la promotion de l’industrie nationale. Et bien malgré elle, la jeune marque Alfa Romeo va devenir un outil de propagande nationale, bien avant les Mercedes et les Auto Union de l’Allemagne nazie…

Après les éphémères 40/60 GP et P1, la firme milanaise cueille ses premiers grands succès avec la P2 conçue par Vittorio Jano, transfuge de l’officine FIAT. Enzo Ferrari, déjà, avait recruté le brillant ingénieur après la mise au placard de la P1 ratée. La nuova Alfa remportera plusieurs courses de prestige entre 1925 et 1930 dont la Coppa Acerbo avec le pilote-chanteur Giuseppe Campari. C’est également à son volant qu’Antonio Ascari, le père d’Alberto, trouvera la mort sur le circuit de Monthléry en 1925 après s’être imposé dans le premier Grand Prix d’Europe couru à Spa-Francorchamps la même année.

Pendant ce temps, l’industrie italienne se serre les coudes après le krach boursier de 1929. Alfa Romeo n’est pas épargnée et Nicola Romeo, sentant le vent tourner, s’en va un an plus tard. Dans la foulée, la marque passe sous la tutelle de l’Etat via l’Institut de reconstruction industrielle. C’est dans ce climat tendu qu’est conçue celle qui entérinera pour de bon la réputation sportive d’Alfa Romeo : la P3. Alignée dès 1932, elle se distingue de ses concurrentes comme étant la première monoplace jamais conçue à l’époque.

Avec son 8 cylindres en ligne compressé de 215 cv, elle surclasse ses adversaires grâce entre autres à Tazio Nuvolari, Louis Chiron et le futur pilote Mercedes Rudi Caracciola. Hélas, l’enthousiasme sera de courte durée, Alfa Corse fermant ses portes seulement un an après la mise en service des prometteuses P3. Heureusement, Enzo Ferrari, qui engage de vétustes Monza pour quelques clients, propose de reprendre les voitures laissées à l’abandon…

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Dès 1933, la Scuderia Ferrari alignait les Alfa Romeo en Grand Prix.

Via la Scuderia Ferrari, les P3 vont retrouver une nouvelle vie ! Louis Chiron, toujours fidèle à Alfa, remporte dès 1933 quelques succès notables comme le Grand Prix d’Espagne tandis que Luigi Fagioli s’offre le Grand Prix d’Italie avant de passer chez Mercedes. Car, justement, Mercedes et Auto Union entrent dans la danse dès l’année suivante et les P3, autrefois si redoutables, redoutent désormais l’armada allemande.

Le jeune Français d’Algérie Guy Moll enlèvera tout de même l’Avusrennen et le Grand Prix de Monaco avant de se tuer lors de la Coppa Acerbo à Pescara plus tard dans l’année. Chiron gagne à Montlhéry face à la déroute des Allemands et puis plus rien, ou presque. Dès la saison suivante, les Italiennes sont incapables de suivre le rythme des Flèches d’argent.

Et les monstrueuses Bimotore, supposées changer la donne, sont critiquées par Tazio Nuvolari lui-même. Le Mantouan décide de revenir à sa chère P3 pour le Grand Prix d’Allemagne disputé sur la Nordschleife. Retardé en début de course, Nuvolari suit à distance les Mercedes W25, où l’on s’inquiète sur l’usure des pneus avancée de celle de von Brauchitsch. La P3 n°12 revient sur la Flèche d’Argent qui va être victime d’une crevaison dans le dernier tour ! La foule est médusée de ce succès inattendu, à un tel de point que les officiels n’avaient pas prévu la Marchia Reale dans les hymnes nationaux.

Ce sera le dernier grand succès de la P3. Elle continuera de briller dans des courses mineures avant de céder sa place aux différentes Tipo 308-312 qui feront le travail sans jamais pouvoir inquiéter les bolides germaniques. La nouvelle Alfetta 158, conçue sous la houlette d’Enzo Ferrari, gagnera l’ultime Grand Prix de Tripoli en… mai 1940, avec un certain Nino Farina. Avant de briller de tout son éclat au lendemain de la guerre, mais cela c’est une autre histoire.

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Guy Moll remporta le Grand Prix de Monaco sur Alfa Romeo en 1934.

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