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Caracciola « caracole » en tête dès le départ, mais sa Mercedes va être trop gourmande.

Si la W154 de « Caratsch » prend la tête au départ, Dreyfus reste dans son sillage et reprend même son bien au septième tour. S’en suit un long chassé-croisé entre les deux hommes mais chez Mercedes, les esprits s’échauffent. Les 450 chevaux teutons ne suffisent pas pour prendre le meilleur sur la Delahaye, certes moins puissante mais plus agile et conduite par un Dreyfus en état de grâce.

La W154 est de surcroît très vorace en carburant et consomme jusqu’à 180 litres aux 100 kilomètres. Or, la course en fait plus de 270. Complètement lessivé par son duel, Caracciola ira jusqu’à embrasser les bottes de paille avant de passer le volant à Lang.

Mais alors qu’il tente de revenir sur Dreyfus, dont la sobriété de son V12 lui permet de ne pas ravitailler, il est contraint de baisser le rythme suite à des problèmes de transmission. La Delahaye n° 2 a désormais la voie libre et remporte le Grand Prix de Pau avec près d’un tour d’avance sur la Mercedes. Un triomphe complété par la troisième place de l’Italien Gianfranco Comotti sur la deuxième monture de l’Ecurie Bleue.

Orgueil du régime nazi, les Flèches d’Argent se sont faites humilier par une voiture française obsolète et dont le pilote a un nom aux consonances juives…

Cette victoire, qui plus est à domicile, redonne de l’espoir aux Français qui savent désormais qu’il est possible de battre les Allemands sur les circuits tortueux. Dans le camp adverse, il n’y a en revanche pas de quoi rire. Orgueil du régime nazi, les Flèches d’Argent se sont faites humilier par une voiture française obsolète et dont le pilote a un nom aux consonances juives… Autant dire qu’à Berlin, les oreilles d’Adolf Hühnlein, responsable du corps motorisé allemand, ont dû siffler.

La situation allait revenir à la normale pour Mercedes dès le Grand Prix suivant à Tripoli et les troupes dirigées par Alfred Neubauer décrocheront le titre en fin d’année. Mais dans le fief de Stuttgart, l’affront palois a toujours été considéré comme une grosse défaite morale.

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L’armada des Mercedes W154 prête à l’embarquement pour la Lybie en vue du Grand Prix de Tripoli.

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