Le succès mérité de Nico Rosberg en Chine est doublement historique. Mercedes a symboliquement tiré la couverture en rappelant les victoires des Flèches d’argent dans les années 50 (la dernière pour Fangio à Monza en 1955),  mais le constructeur allemand n’avait-il pas qualifié de « Silver Arrows » les McLaren-Mercedes souvent victorieuses ces vingt dernières années ? Et l’écurie Mercedes AMG n’est-elle pas l’héritière directe de Brawn GP, top team couronné il y a trois ans à peine ?

Plus légitime est l’héritage de Nico Rosberg, dont le père Keke fut Champion du monde pour Williams en 1982. Ils ne sont pas nombreux les « fils de » à connaître une telle réussite. Outre Nico, les seuls fils de Champion du monde à s’être imposés en F1 sont Damon Hill et Jacques Villeneuve (qui furent tous deux sacrés également chez Williams), lesquels ont eu la douleur de perdre leurs pères alors qu’ils étaient encore jeune, au contraire de Nico orienté dès son plus jeune âge vers la carrière.

Parmi les autres, on se souvient dans la période récente de l’expérience délicate vécue par Nelson Piquet père et fils. Nelsinho faisait partie de la même promotion que Nico Rosberg : ils ont été tous les deux testés par Williams en F1 dès 2003, âgés de 18 et 17 ans respectivement ! Leurs papas respectifs étaient présents à Jerez pour célébrer l’événement, mais leurs attitudes ont divergé par la suite, même s’ils n’ont pas été omniprésents dans le sillage de leurs rejetons comme trop de pères de pilotes sur les circuits. Piquet Senior a financé lui-même la carrière de son fils, en F3 puis en GP2, voire en F1 par on ne sait trop quel deal avec le sulfureux Flavio Briatore. Un peu fragile mentalement dans ce contexte explosif, Piquet Junior a craqué dans les circonstances que l’on sait, avant de se refaire récemment en NASCAR (il a gagné en Super Trucks aux USA en février).

Keke, lui, a fait bénéficier à Nico de son carnet d’adresses, il est vrai bien fourni : le soutien d’AMG (en karting, aux côtés d’un certain Lewis Hamilton), puis le programme junior de BMW (en Formule BMW) et de Mercedes (en F3), avant d’opter pour le bon team en GP2 (ART GP) dont il fut le premier lauréat en 2005, et pour sa promotion en F1 en 2006 (chez Williams). Une affaire rondement menée, on le voit, mais s’il est préférable d’être « fils de » pour décrocher les bons volants sur le chemin de la F1 on ne devient pas vainqueur de Grand Prix en étant simplement fils à papa. Bravo Nico, merci Keke !

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