Motor Racing – Formula One World Championship – Canadian Grand Prix – Race Day – Montreal, Canada

Deux ans à peine après avoir été modifiées en profondeur (voies, ailerons et pneus élargis), les Formule 1 changeront une nouvelle fois de visage. L’objectif, en 2019, sera non pas d’aller plus vite (comme en 2017) ni d’avoir un meilleur rendement énergétique (comme en 2014), mais bien de stimuler les dépassements. Avec un peu d’avance sur le programme prévu…

POURQUOI CHANGER LES RÈGLES DU JEU ?

Les changements apportés au règlement technique pour la saison 2019 de Formule 1 ont été impulses par Jean Todt, le président de la FIA.

Constatant la difficulté qu’ont les monoplaces de F1 actuelles de se rapprocher de toute voiture qui précède, le dirigeant français a demandé à Nikolas Tombazis, le directeur technique de la Fédération en charge des monoplaces, de lui soumettre des solutions dans les plus brefs délais. Il semble que ce soit le faible nombre de dépassement au Grand Prix d’Australie (cinq en tout et pour tout) qui ait déclenché le processus (pour information, les courses suivantes ont été moins catastrophiques : 56 dépassement à Bahreïn [contre 35 en 2017], 51 en Chine [35), 44 en Azerbaïdjan [48], et 13 en Espagne [16]).

Depuis plusieurs mois la FIA et la FOM (propriété de Liberty Media) planchent sur une refonte du règlement technique visant à faciliter les manœuvres de dépassement. Car les caractéristiques aérodynamiques des bolides en piste depuis 2017 rendent très ardues ces manœuvres, qui constituent pourtant l’ADN du sport automobile.

Sous la houlette de Ross Brawn, plusieurs ingénieurs ont été recrutés par Liberty pour identifier les mesures à prendre d’ici 2021, en s’appuyant sur des recherches expérimentales, ce qui n’avait jamais été fait à une telle échelle (le “Overtaking Working Group” était, de l’aveu même de ses participants ­plus artisanal). C’est ainsi que Pat Symonds (ex-directeur technique de Williams), Jason Somerville (ex-aérodynamiciens Williams), Craig Wilson (ex-Williams) et d’autres travaillent sur les recettes à mettre en place pour éviter les processions du dimanche. Relevons que Nikolas Tombazis, aérodynamicien ex-Ferrari et aujourd’hui en poste à la FIA, avait effectué quelques missions de consultance pour la FOM sur le sujet. La collaboration entre les deux instances est étroite, et inclut les écuries elles-mêmes, puisque les huit teams possédant les installations de CFD les plus développées participent au chantier.

© Nikolas Tombazis (FIA), Pat Symonds (FOM) et James Allison (Mercedes)  © WRi2

Il était initialement prévu que le groupe de travail rende ses conclusions d’ici un à deux ans et que les règles en vigueur soient maintenues en 2019 et 2020. La FIA a estimé qu’il fallait anticiper les changements, afin d’offrir aux fans un spectacle de meilleur qualité.

À la surprise générale, les mesures (détaillées en page suivante) ont été adoptées par la Commission F1. Il se dit que Mercedes, Ferrari, Force India, Williams et Sauber ont soutenu la proposition de la FIA et de la FOM, alors que Red Bull, McLaren, Renault, Toro Rosso et Haas s’y seraient opposées. Précisons que les écuries ne disposent pas à elles seules de la majorité des voix de la Commission F1 où votent notamment la FIA et la FOM, propriétaire des droits commerciaux de la F1. Il suffit donc que seules quatre équipes sur les dix approuvent un changement au règlement technique pour que celui-ci soit adopté.

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