Il a manqué un rien à Räikkönen pour battre Vettel à Sakhir.

Dans son débriefing stratégique du Grand Prix de Bahreïn réalisé pour UBS, le journaliste britannique James Allen décortique l’épreuve disputée de Sakhir et montre comment Kimi Räikkönen aurait pu remporter la course disputée sur le circuit de Sakhir.

Le Grand Prix de Bahreïn était une nouvelle fois un excellent exemple de l’importance de la stratégie dans le résultat final. Avec le succès de Sebastian Vettel et Red Bull Racing, nous avons assisté à un quatrième vainqueur différent – tant chez les pilotes que les écuries – en autant d’épreuves depuis le début de la saison. Une première depuis 1983, ce qui augure une saison plein de suspense.

Les pneumatiques Pirelli ont une fois encore conditionné le résultat final au drapeau à damier le week-end dernier à Sakhir, une piste abrasive où la température ambiante mettait les gommes italiennes à rude épreuve. La dégradation était très importante. La chute de performance des pneus était massive après 20 tours pour les médiums et 14 boucles pour les tendres.

Il imposait donc aux pilotes et aux écuries de faire preuve d’une grande réactivité. Il était essentiel d’avoir un plan précis en tête, peu importe qu’il consistait en deux ou trois arrêts, mais il était surtout vital de réagir immédiatement une fois que les pneumatiques commençaient à perdre en performance. Il y avait également un bénéfice important à disposer de pneus neufs et non de gommes usées.

Comment Kimi Räikkönen aurait pu remporter le Grand Prix

La course bahreïnie a livré de nombreuses surprises. La faible performance de McLaren sur la piste et dans les stands, par exemple. Mais la plus grosse surprise était certainement la compétitivité des Lotus de Kimi Räikkönen et Romain Grosjean, qui faisaient presque jeu égal avec la Red Bull de Sebastian Vettel. Ils ont assez facilement réussi à se débarrasser de Mark Webber en début de course, et il a manqué un rien pour que Räikkönen batte Vettel pour aller chercher sa 19ème victoire en Formule 1.

Lotus disposait d’une bonne voiture lors de chacune des courses jusqu’à présent cette saison, il lui manquait juste la réussite et une bonne stratégie. En Chine, par exemple, l’écurie avait essayé une stratégie à deux arrêts avec Räikkönen, mais les pitstops étaient mal planifiés et Iceman a chuté de la deuxième à la 14ème place à l’arrivée suite à une usure excessive de ses Pirelli.

A Bahreïn, la stratégie de Lotus était presque parfaite en revanche, dès les qualifications, où le Finlandais n’a volontairement effectué qu’un tour en Q2 afin d’économiser un train de pneus tendres neufs pour la course. Lotus a cependant commis une petite erreur le samedi après-midi, en lâchant Räikkönen trop tôt des stands, l’ancien Champion du monde manquant finalement de peu la Q3. Une sixième place sur la grille de départ était pourtant largement à la portée de Lotus mais cela aurait nécessité d’utiliser plus de pneus neufs.

En manquant la Q3, il restait à Räikkönen deux trains de tendres neufs et deux trains de mediums neufs. Il pouvait donc couvrir l’intégralité de la distance de la course en gommes neuves. Vettel, à l’inverse, en décrochant la pole position a utilisé tous ses pneus à l’exception d’un train de mediums.

Quel était le gain pour Räikkönen ? Chaque nouveau train vous permettait de (re)prendre huit secondes par relais à un pilote équipé de pneus usés. Comparé à Vettel, Räikkönen disposait d’un gain théorique de 24 secondes lors de ces trois premiers relais. C’est ce qui lui a permis de revenir à l’avant du peloton et de presque remporter le Grand Prix.

Lotus lui avait chaussé les tendres au départ, car les essais libres avaient montré que la E20 fonctionnait mieux avec ce composé quand son réservoir était chargé en carburant. Ils pensaient d’ailleurs être la voiture la plus rapide le vendredi.

Inutile de souligner l’importance de prendre un bon départ pour ne pas mettre en l’air votre stratégie de course, et Räikkönen a pris un excellent envol dimanche dernier, confirmant l’avantage de s’élancer en pneus neufs. Il est passé de la 11ème à la septième place, devant Nico Rosberg et Sergio Pérez. Il a cependant commis une légère erreur au troisième tour, ce qui a permis à Felipe Massa de le dépasser. Cela lui a pris plusieurs tours avant de repasser la Ferrari. Durant cette période, il a perdu trois secondes sur le leader Vettel, mais il a surtout endommagé son aileron avant, ce qui s’est traduit par une perte aérodynamique pendant tout le reste de la course.

Grâce à ses pneus neufs, il est parvenu à passer Lewis Hamilton et retardé son premier arrêt jusqu’au 11ème tour. Ceci lui a permis de dépasser Fernando Alonso, Mark Webber et Jenson Button à la faveur des arrêts aux stands. Après avoir observé son premier pitstop, il était à présent en lice pour la victoire.

Au cours de son second relais, il était le plus rapide sur la piste jusqu’à ce qu’il rattrape son équipier Romain Grosjean et c’est ici, sans doute, qu’il a perdu toute chance de s’imposer à l’arrivée. Vettel n’était pas en train de s’échapper à l’avant et Grosjean avait des pneus mediums usés. Il a passé le Français au 41ème tour en s’arrêtant un tour plus tôt. A partir de là, il avait la piste dégagée pour rattraper la Red Bull.

Equipé de mediums neufs comparé à Vettel qui était en tendres usés, Räikkönen est rapidement revenu dans les échappements de la RB8 mais il n’a jamais pu la passer. S’il n’avait pas perdu du temps en restant quatre tours derrière son équipier, il aurait pu avoir la chance de passer Vettel à la faveur du dernier arrêt, mais il a finalement observé son dernier pitstop en même temps que l’Allemand, qui est ressorti avec son unique train de pneus neufs. Le Finlandais ne disposait par conséquent plus de l’avantage d’avoir des gommes neuves et il a dû se contenter de la deuxième place à l’arrivée.

Iceman était déçu après la course. Il avait la chance de remporter sa 19ème victoire en Formule 1, quatre Grands Prix seulement après son retour dans la catégorie reine, tout comme Sergio Pérez avait lui aussi l’opportunité de s’imposer en Malaisie. La stratégie employée par Lotus était suffisamment bonne pour lui donner cette chance mais elle n’était pas parfaite. Elle aurait pu être parfaite si l’écurie avait demandé à Grosjean de laisser passer son équipier.

Ces quatre tours derrière Grosjean ont probablement coûté la victoire à Räikkönen

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