La tension était palpable dans le paddock de Hockenheim dimanche matin. Rien à voir avec le retour du soleil et l’incertitude quant au choix des pneus des favoris pour le Grand Prix. On s’étonnait plutôt de l’absence de Bernie Ecclestone, dont l’arrivée était annoncée samedi déjà, avec un vol d’hélico réservé en bonne et due forme depuis l’aéroport jusqu’au circuit. Mais il semble que les avocats de Mister E. l’aient dissuadé de se déplacer en Allemagne, où la justice s’apprêterait à l’inculper dans l’affaire de corruption dite Gribkowsky (du nom du banquier allemand lourdement condamné). Ce dernier a de nouveau été entendu par les enquêteurs la semaine dernière, pendant plus de huit heures, et il aurait accablé Ecclestone. Nul doute qu’on entendra encore parler des juges allemands dans les prochaines semaines…

Dans le même temps, Jean Todt a fait une arrivée discrète dimanche matin dans le paddock. Une réunion avec les patrons d’écuries s’est déroulée autour du RRA (Ressource Restriction Agreement) auquel la FIA tient beaucoup. La seule équipe ne souhaitant pas s’engager dans cette voie dans l’état actuel de l’accord, Red Bull Racing, a curieusement été inquiétée dans la matinée à propos de la cartographie de ses moteurs… Vous avez dit bizarre ? Le bras de fer a duré deux heures, puis la hache de guerre a été enterrée, la FIA publiant même un communiqué où elle reconnaît ses torts !

Les luttes d’influence ne manquent pas en Formule 1 et le moindre mouvement politique entraîne des conséquences que chaque partie tente d’exploiter à son avantage. La pression monte sur Bernie Ecclestone dont les démêlés avec la justice allemande (sans parler du fisc britannique) ne sont pas du goût des actionnaires de CVC, les vrais propriétaires du grand cirque aujourd’hui.

Enfin, Dieter Zetsche, le grand patron du groupe Daimler, a fait une apparition remarquée à l’heure où les négociations se poursuivent entre Mercedes et FOWC (Formula One World Championship), l’entité commerciale du Formula One Group, en vue des nouveaux Accords Concorde dont seuls Mercedes, HRT et Marussia sont encore non-signataires. Une éventuelle position de faiblesse d’Ecclestone – comme en atteste son absence en Allemagne – pourrait faciliter ou au contraire compliquer l’issue des pourparlers. Même si le ciel de Hockenheim était bleu cet après-midi, l’orage gronde…

Pierre Van Vliet, depuis Hockenheim.

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