En atteignant le cap de la mi-saison après dix Grands Prix disputés, la physionomie du championnat commence à prendre forme. Avec une tendance générale : Fernando Alonso est toujours là, performant et régulier, tandis que ses adversaires se succèdent pour lui contester une suprématie pourtant pas justifiée par une machine plus compétitive. Après la victoire de Webber en Angleterre, c’est Vettel qui croyait limiter les dégâts en Allemagne, mais sa pénalité lui coûte et le voilà à 44 points du leader à mi-parcours.

Rien n’est joué encore, comme l’a souligné Alonso, et la course haletante vécue à Hockenheim en appelle d’autres. Voir trois monoplaces différentes propulsées par trois moteurs différents se tenir d’aussi prêt sur la distance totale d’un Grand Prix laisse entrevoir un resserrement des valeurs rarement atteint en Formule 1. A matériel peu ou prou équivalent, ce sont les bonshommes qui font la différence, et c’est là que l’expérience et la science d’Alonso lui permettent de sortir du lot. L’Espagnol s’est classé dans les points pour la 22ème fois consécutive, des chiffres qui parlent d’eux-mêmes !

La F2012 a bien évolué depuis le catastrophique constat de début de saison (deux secondes moins rapide que les meilleurs aux essais de Jerez, et encore à 1,6 seconde en Q2 à Melbourne), ce qui démontre le potentiel de la Scuderia, même si l’équipe italienne est réduite à une seule voiture tant le pauvre Felipe Massa semble impuissant à retrouver son niveau d’antan.

Red Bull Racing possède sans doute le meilleur châssis et McLaren le meilleur duo de pilotes. La contre-performance de Mark Webber aujourd’hui (pénalisé de cinq places sur la grille, il a été incapable de les regagner en course) souligne à quel point le championnat devrait se réduire bientôt à un duel Alonso-Vettel. La poisse de Hamilton le handicape alors que le retour en forme de Button se veut rassurant sur les capacités de McLaren à renverser la vapeur. Mais le retard accumulé durant la première moitié du championnat sera sans doute irréversible.

Kimi Räikkönen a fait son boulot, après une qualif décevante, en ramenant de gros points pour Lotus, et même un podium (après la pénalité de Vettel), au contraire d’un Romain Grosjean décidément irrégulier. On aimerait voir la E20 s’élancer à l’avant de la grille pour se mêler à la lutte pour la victoire… Dès la semaine prochaine, à Budapest ? Il faudra bien cela pour viser la 3ème place au classement des constructeurs, un objectif ambitieux il est vrai.

Enfin, coup de chapeau aux Sauber qui ont réalisé une performance remarquée en Allemagne, reléguant les Flèches d’argent de Mercedes dans un rôle de faire-valoir qui doit provoquer quelques grincements de dents du côté de Stuttgart. Comme en Angleterre deux semaines plus tôt, Michael Schumacher a dégringolé de la 3ème place sur la grille à une modeste 7ème position à l’arrivée, Nico Rosberg devant se contenter d’un petit point. La firme à l’étoile, dernier grand constructeur présent en F1, doit absolument corriger le tir, mais ses monoplaces peinent toujours à préserver les gommes Pirelli sur la durée d’une course. Il leur reste dix Grands Prix pour trouver la solution.

Pierre Van Vliet, depuis Hockenheim.

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