Samedi, c’était la soupe à la grimace chez Ferrari lorsque les deux F2012 n’ont pas atteint la Q3. Le soir même, Alonso (Xavi) redonnait le sourire à Alonso (Fernando) en inscrivant les deux buts de la victoire de l’Espagne face à la France en quart de finale de l’Euro ! Du coup, le champion s’est senti pousser des ailes ce dimanche en réalisant un authentique exploit dans ce Grand Prix d’Europe pour l’emporter haut la main après s’être élancé de la onzième place.

La vue de la caméra embarquée de la voiture de l’Espagnol au départ était significative : c’était un régal de le voir se faufiler avec clairvoyance et opportunisme dans les trois premiers virages pour rapidement gagner quatre places. La suite de sa course fut rondement menée, en ne lâchant rien et en saisissant chaque opportunité, comme lors de ce « restart » (après l’intervention de la safety-car) quand il déborda Romain Grosjean à l’extérieur avec une belle autorité. Bref, c’est un matador comblé qui a franchi la ligne en tête après avoir dominé la seconde partie de la course.

Premier double vainqueur cette saison, le voilà en tête du championnat (devant… Webber !) juste avant de se rendre à Silverstone, théâtre de son unique succès en 2011. Voir trois Champions du monde sur le podium, avec Kimi Räikkönen et Michael Schumacher (tous deux titrés avec la Scuderia), en disait long sur la valeur de la compétition actuelle, avec aussi trois voitures différentes et trois motorisations différentes aux trois premières places, comme à Montréal il y a deux semaines. Le niveau du championnat est donc plus concurrentiel que jamais, avec des écarts toujours aussi serrés et une dimension stratégique sans précédent.

Deux autres Champions du monde manquaient à l’appel au terme de ce Grand Prix : Sebastian Vettel, facile leader jusqu’à un rare incident mécanique immobilisant sa Red Bull, et Lewis Hamilton, bataillant ferme en fin de course avec des pneus usés au point de tout perdre dans un stupide accrochage avec Maldonado en vue de l’arrivée. Ils sont les deux grands perdants du week-end, avec également Romain Grosjean, remarquable d’aisance en début de course et sans doute seul capable d’inquiéter Alonso pour la victoire quand une panne d’alternateur de sa Renault en décida autrement.

Il n’empêche que la performance du Français, aux essais comme en course, en dit long sur la maturité acquise en l’espace de quelques semaines et sur la confiance qui l’habite dorénavant. Les Lotus sont dans le coup et le huitième vainqueur différent finira bien par venir de ce camp, à moins que ce diable de Schumacher ne hausse encore son niveau dans les Grands Prix à venir. Opportuniste en diable, il a tiré un habile parti des conditions chaotiques de la fin de course pour arracher un podium mérité, après avoir dominé son équipier, son premier depuis sa victoire en Chine il y a cinq ans et demi.

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