Tandis que l’indécision la plus totale régnait après une Q2 qui avait vu les sept premiers dans le même… dixième (!), les deux Ferrari et la Mercedes de Schumacher étant éliminées à seulement deux dixièmes de seconde du meilleur chrono signé Romain Grosjean, l’issue de la Q3 a été limpide.

En enchaînant trois secteurs parfaits, le Champion du monde Sebastian Vettel a sorti un temps canon lors de son unique tentative, assommant la concurrence de plus de trois dixièmes : un gouffre sur cette piste. L’exercice très spécifique de la qualification permet aux meilleurs d’émerger : derrière Sebastian, le leader du championnat Lewis Hamilton a assuré l’essentiel en hissant sa McLaren en première ligne. Demain, il pourrait être le premier à enchaîner deux victoires d’affilée cette saison, même si Vettel reste le favori logique.

Sur ce circuit, les dépassements sont généralement peu nombreux et si la stratégie permet à Red Bull de faire la course en tête sans martyriser les pneus, le Grand Prix d’Europe pourrait être une formalité pour “Baby Schumi”. Avec 33 pole positions à son actif (autant que Clark et Prost) et déjà 22 victoires en 88 Grands Prix, le jeune Allemand (il aura 25 ans le 3 juillet) est bien parti pour battre des records jugés inaccessibles, que ce soit celui des poles de Senna (65) ou celui des victoires de Schumi (91). On verra demain sur le tarmac surchauffé de Valencia si la RB8 conserve sa superbe, ou si elle peine à maintenir les Pirelli dans la fameuse fenêtre de performance comme cela avait été le cas à Montréal il y a quinze jours. Nul doute que Hamilton sera là, prêt à bondir, même s’il n’est pas ravi de l’équilibre de sa McLaren. Les pneus arrière se dégradent vite sur ce tracé d’accélération-freinage et, avec une température de piste qui pourrait flirter avec les 50 °C demain, personne n’est à l’abri.

La surprise pourrait venir de Pastor Maldonado, remarquable troisième pour Williams, qui avait déjà bluffé tout le monde en Espagne il y a quelques semaines. Mais la plupart des observateurs attendent beaucoup des Lotus, les monoplaces les mieux placées pour bien exploiter les pneus par forte chaleur. Romain Grosjean a précédé son équipier Kimi Räikkönen d’un souffle ce samedi, alors qu’en sera-t-il demain ? Tout pourrait se jouer au départ ou lors des deux premiers freinages : il s’agira donc de trouver le bon compromis entre prudence et agressivité. Reste que même la concurrence craint les Lotus : c’est dire si les chances d’avoir un huitième vainqueur sont grandes…

Sur le plan stratégique, les simulations donnent un net avantage à une course en deux arrêts, nettement plus rapide qu’avec un seul pitstop (38 secondes de mieux) ou trois (13”) voire quatre (44”) changements de pneus. Mais de la théorie à la pratique, il y a de la marge, surtout dans un Grand Prix souvent marqué par des neutralisations à répétition, comme on a pu s’en rendre compte cet après-midi en GP2, avec trois interventions de la safety-car. Le facteur chance entre alors en ligne. Qui sera le “lucky winner” ?

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