Abou Dhabi a conclu la saison 2016 dans un spectaculaire feu d’artifice après un nouveau doublé Mercedes et le premier titre mondial décroché par Nico Rosberg au terme d’une course haletante.
Le scénariste a fait du bon boulot : à l’entame du dernier tour de cet ultime Grand Prix de la saison, tout était encore possible. La moindre erreur de Nico Rosberg pouvait le renvoyer en quatrième position, derrière Sebastian Vettel et Max Verstappen qui étaient sur ses talons, bien aidés par un Lewis Hamilton qui a passé la course à regarder dans ses rétros pour mettre son équipier en difficulté.
Cette attitude était-elle défendable ? Elle n’est sans doute pas très fair-play, mais force est de reconnaître qu’elle nous a tenus en haleine jusqu’au bout de la nuit ! Le championnat constructeurs était plié depuis longtemps et Mercedes pouvait même se permettre de perdre ce dernier Grand Prix… Hamilton y aurait consenti si cela lui avait permis de conserver sa couronne, mais c’est Rosberg qui possédait l’avantage arithmétique et, au terme d’une saison longue de 21 Grands Prix, le pilote allemand n’a pas volé son titre.
L’histoire est belle, vingt ans après Damon Hill : voilà un fils de Champion du monde couronné à son tour, du vivant de son père qui plus est. Keke Rosberg a brillé par son absence ce week-end à Yas Marina (à l’exception de la fête donnée après l’arrivée où on l’a vu soudain surgir !), grâce lui en soit rendue : c’est Nico le lauréat, pas son papa. Il lui a mis le pied à l’étrier, sans nul doute, et a eu l’intelligence de s’effacer ensuite pour laisser son fils s’émanciper et devenir le superbe pilote qu’il est aujourd’hui. Mentalement, Rosberg junior est parvenu à gérer la pression malgré le retour en force de son équipier dans la dernière ligne droite. Battre un triple Champion du monde à voiture égale constitue un véritable exploit.
Mentalement, Rosberg junior est parvenu à gérer la pression malgré le retour en force de Hamilton dans la dernière ligne droite. Battre son équipier à voiture égale constitue un véritable exploit.
On ne s’est pas ennuyé dans le sillage (immédiat !) des Mercedes. La tactique adoptée par Lewis Hamilton en tête de la course a valu aux Red Bull et aux Ferrari de s’inviter à la fête. On pensait que Max Verstappen avait tout perdu dans le premier virage, et puis le voilà qui surgit devant les roues de Rosberg après le premier pitstop… On croyait Sebastian Vettel rejeté pour de bon dans l’ombre de son équipier, et puis le voilà qui bascule dans une stratégie le replaçant sur le podium en vue de l’arrivée. Bref, du départ jusqu’au drapeau à damier, on s’est régalé.
Force India a confirmé son niveau de quatrième voiture du plateau devant Williams et McLaren, les autres se sont joyeusement battus en espérant récupérer un petit point sur un malentendu. On a ainsi vécu de belles passes d’armes entre les Renault, les Toro Rosso, les Manor et les Sauber : que demande le peuple ? Etant donné l’enjeu de la course en tête, on n’a pas beaucoup vu les sans-grades sur le petit écran, mais on peut vous assurer que le Grand Prix était aussi disputé à l’arrière que parmi les candidats au podium. Voilà qui conclut une saison, certes dominée par Mercedes, dont on se souviendra pour l’issue du duel Hamilton-Rosberg en faveur du second nommé pour la première fois.
Loin des caméras de télévision, la course a aussi été de toute beauté à l’arrière du peloton.