Avantage théorique à Red Bull

Traditionnellement, Silverstone est un circuit qui convient aux Red Bull, dont l’aérodynamique efficace trouve un terrain favorable dans les courbes rapides anglaises. Lors des trois dernières éditions, les monoplaces bleues frappées du taureau ailé ont ainsi récolté deux victoires et trois pole positions (ainsi qu’un doublé 2e et 3e l’an dernier, où elles ont été devancées par la Ferrari de ce diable de Fernando Alonso.). Les évolutions apportées à Montréal puis à Valence (nouvelle suspension arrière au Canada et remodelage de la zone des échappements et des pontons arrière en Espagne) en ont fait la machine à battre : aux mains de Sebastian Vettel, la RB8 s’échappait à raison de 1”5 seconde par tour lors des dix premières boucles du Grand Prix d’Europe ! Si l’avantage de Red Bull se confirme dans la compagne anglaise, ce sera une indication claire que Milton Keynes a retrouvé son niveau de 2010 et 2011, d’autant que deux autres Grands Prix (Allemagne et Hongrie) suivent ce mois-ci.

Après avoir tâtonné en début de campagne, Adrian Newey semble avoir mis le doigt sur le problème qui empêchait la Red Bull de délivrer tout son potentiel. Cela dit, à Barcelone, l’autre juge de paix aéro de la saison, c’est la McLaren de Lewis Hamilton qui s’était montrée la plus véloce : en Catalogne, la MP4/27 avait plus d’une demi-seconde d’avance sur le deuxième (avant d’être déclassée). En Catalogne, outre la surprise de Williams avec Pastor Maldonado, les Lotus avaient brillé, Romain Grosjean et Kimi Räikkönen se qualifiant en 4e et 5e positions sur la grille. Mais c’était sous le soleil espagnol.

La météo, facteur de trouble ?

Les prévisions météorologiques sont incertaines pour le week-end prochain, avec un risque de pluie dimanche. Si l’on ajoute des températures prévues relativement fraîches (18 °C), on dispose de deux ingrédients susceptibles de pimenter la course, d’autant que la surface de la piste est assez abrasive. L’édition 2011 s’était disputée sur une piste évoluant au cours du temps, de franchement mouillée à simplement humide, ce qui avait singulièrement compliqué les qualifications et la course. Qu’en sera-t-il dimanche ? La question est importante, car Pirelli, qui apportera des durs et des médiums (comme en Espagne), n’a jamais expérimenté une course totalement sèche à Silverstone ni utilisé les pneus durs en conditions de course : l’an dernier, toutes les monoplaces étaient parties en intermédiaires, le top 5 utilisant la même stratégie à trois arrêts sans chausser les durs. En 2008, Hamilton avait survolé le Grand Prix sur une piste  détrempée…

La météo a aussi une incidence sur l’exploitation du moteur, décisive sur un tracé dont les deux tiers sont couverts à plein régime, comme le souligne Rémi Taffin, le responsable des opérations de piste chez Renault Sport F1 : “Contrairement à ce que nos camarades britanniques affirment, il est de notoriété publique que la météo est difficile à prédire et la sélection des rapports de boîte est particulièrement délicate. La campagne entourant le circuit étant sans relief, le vent souffle fort et il peut changer de direction très rapidement. Le nouvel enchaînement casse le rythme du tour, puisqu’aucun des virages n’est négocié à plus de 200 km/h. Cela réduit la vitesse moyenne et met en exergue sur la maniabilité de la monoplace et la réponse du moteur à bas régime.” Selon la température, on s’attend à deux ou trois arrêts (s’il fait chaud), le coût d’un passage par les stands reste faible (19 secondes) malgré quelques modifications demandées dans la pitlane par la FIA en vue de cette édition.

Une piste d’hommes… qui sourit à Schumacher

En 2010, une nouvelle portion entre les virages Abbey et Brooklands a été créée pour l’arrivée des Moto GP : les virages Bridge et Priory sont abandonnés tandis qu’Abbey et Brooklands sont reconfigurés. L’an dernier, de nouveaux bâtiments dans les stands sont inaugurés et une partie de la piste resurfacée. Malgré ces travaux, Silverstone reste un morceau de bravoure, car il faut oser se lancer à très haute vitesse dans les enchaînements rapides sur une piste ancienne, particulièrement étroite par rapport aux circuits modernes (15 mètres dans certaines courbes, contre 20 à Shanghai, par exemple).

Sur ce circuit historique, c’est Michael Schumacher qui s’est imposé le plus grand nombre de fois (3), précédant Fernando Alonso (2), Lewis Hamilton, Sebastian Vettel, Kimi Räikkönen et Mark Webber (1 succès chacun). On le voit, Jenson Button n’a jamais gagné son Grand Prix à domicile : un sursaut sur ses terres est indispensable de la part du Britannique, qui semble à son tour souffrir du syndrome Massa… Ses résultats à domicile ne plaident hélas pas pour lui : en douze « Bristish Grand Prix », Jenson n’est jamais monté sur le podium ni n’a mené le moindre tour (lors des six dernières éditions, il n’a même marqué qu’à deux reprises seulement, en 2009 et 2010).

Voilà pour les tendances. Il y a cependant fort à parier que la réalité réservera encore quelques belles surprises, car qui aurait parié une livre sterling sur Fernando Alonso à Valence alors qu’il s’était qualifié en onzième place de grille… ?

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