Jamais sept sans huit ?

On va finir par s’y habituer ! En sept Grands Prix, sept vainqueurs différents ont émergé. Sera-ce encore le cas en Espagne dimanche ? C’est possible, dans la mesure où les pilotes à ne pas avoir encore gagné défendent les couleurs d’écuries qui devraient être en forme sur le bitume surchauffé de Valence. D’un côté, par sa nature urbaine, le tracé devrait convenir au Mercedes de Michael Schumacher et Nico Rosberg : à Monaco, le premier avait réalisé la pole, et le second avait terminé dans les échappements du vainqueur…

Sauf que le circuit de Valence, tracé dans le port entre les docks et les installations de la Coupe de l’America, ressemblerait presque à un tracé conventionnel : “Le circuit de Valence est un tracé urbain, mais il n’est pas typique, explique Giampaolo Dall’Ara, responsable des opérations piste chez Sauber. La surface est peu abrasive et les vibreurs ne sont pas très élevés. De plus, l’efficacité aérodynamique a beaucoup plus de poids qu’à Monaco ou Singapour par exemple, et les zones de dégagement sont un peu meilleures. La plupart des virages sont lents, mais la vitesse de pointe est néanmoins élevée (315 km/h au bout de la ligne droite). Sur un tracé comme celui-là, la stabilité au freinage et la motricité sont très importantes.” Pour qu’un huitième pilote différent l’emporte, il faudrait que les Mercedes soient en forme comme sur le tourniquet monégasque (après tout, Valence compte tout de même 25 virages) et que Schumacher domine Rosberg, ce qui n’a jamais été le cas jusqu’à présent (15ème en 2010 et 17ème en 2011).

Lotus en terrain favorable

L’autre option pour un huitième lauréat différent serait qu’une des Lotus franchisse la ligne d’arrivée en tête. Les fortes températures prévues et la nature particulière du circuit (dont les pourtours grillagés emmagasinent la chaleur) devraient convenir à la E20, toujours plus à l’aise quand le thermomètre est élevé. Il faudra toutefois que Romain Grosjean et Kimi Räikkönen se qualifient mieux qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent, car contrairement à Montréal, Valence n’est guère propice aux dépassements : les nombreux virages se négocient à grande vitesse et s’enchaînent vite, rendant les dépassements difficiles sur une piste offrant peu d’espace pour les manœuvres et sans grande différence de vitesse entre les autos. Malgré cela, la FIA a supprimé l’une des deux zones de DRS : celle comprise entre les virages 14 et 17.

Une place sur les premières lignes de la grille sera donc indispensable, comme en Principauté, pour décrocher un bon résultat, au terme des 57 boucles. Pour y parvenir, les ingénieurs de Lotus savent qu’ils devront privilégier la performance sur un tour avec les tendres plutôt que de limiter leur usure en vue de la course. Difficile dilemme !

Plusieurs stratégies

L’an passé, les pilotes sur le podium avaient observé chacun trois arrêts (les trois premiers relais en tendres et le dernier en médiums). Etant donné que les Pirelli 2012 durent plus longtemps que leurs prédécesseurs de 2011 (entre quatre et cinq tours de plus), la stratégie la plus attendue dimanche est de voir les voitures effectuer deux arrêts, en moyenne aux 19ème et 42ème tours… Sauf peut-être les Sauber et les Lotus, les deux monoplaces les moins gourmandes en gommes de la grille, qui pourraient passer une fois de moins par les stands et gagner ainsi 21 secondes (coût chronométrique d’un arrêt à Valence). Un bon résultat est envisageable pour les deux formations – dont les voitures et les pilotes (surtout Pérez et Grosjean) sont capables de rouler vite en pneus usés –, à condition qu’elles se qualifient suffisamment haut.

L’hypothèse d’un seul pitstop paraît toutefois peu plausible à Paul Hembery : “Nous nous attendons à une course assez directe, avec deux à trois arrêts selon les stratégies déployées par les équipes, explique le directeur de Pirelli Motorsport. Une seule équipe a cependant tenté un unique arrêt l’an dernier. Le temps devrait être beau et de manière constante durant le week-end, ce qui engendrera moins de variables en termes de températures, et probablement moins de surprises.”

Ne pas oublier le Taureau… entre autres

Alors qu’on pensait que les Lotus et les Mercedes se battraient pour les lauriers à Monaco, c’est finalement une Red Bull qui s’est imposée. Certes grâce à la pénalité infligée à Schumacher (privé de sa belle pole position), mais tout de même : Mark Webber ne devait sa deuxième place de grille à personne.

Même si elle est passée relativement inaperçue, la constance des Red Bull est remarquable : la RB8 a décroché la pole position trois fois lors des quatre derniers Grands Prix. Sebastian Vettel a remporté les deux dernières éditions et avait établi l’an dernier un nouveau record de la piste en qualifications… Les deux matadors ne sont qu’à trois et neuf points du leader, Lewis Hamilton, qui ne s’est certes jamais imposé à Valence, mais y est toujours monté sur le podium depuis que le Grand Prix existe (quatre podiums depuis 2008). La cinquième édition sera-t-elle la bonne pour le vainqueur du dernier Grand Prix du Canada ? Réponse dimanche…

Nicolas Carpentiers, depuis Valence.

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