F1invité donne la parole à Jules Bianchi, pilote de réserve Force India et engagé en Formule Renault 3.5, cette semaine. Jules est issu d’une célèbre famille du sport automobile. Il est le petit-fils de Mauro Bianchi et le petit-neveu de Lucien Bianchi, deux pilotes qui se sont illustrés tout au long des années 1960 sous les couleurs de la Belgique.

Auteur d’une belle carrière en karting, ce Français de 22 ans a effectué ses débuts en monoplace lors de la saison 2007 dans les championnats de France et d’Europe de Formule Renault 2.0. S’il n’est toujours pas parvenu à franchir le cap d’une titularisation en F1, il dispose néanmoins d’un joli palmarès en sport automobile. Managé par Nicolas Todt depuis 2006, il devient le premier pilote depuis Alain Prost à devenir Champion de France de Formule Renault 2.0 dès sa première saison en sport auto. Fort de ce succès, il rejoint le relevé championnat de F3 Euro Series en 2008 qu’il remporte l’année suivante.

Jules décroche ainsi sa promotion en GP2 en 2010 au sein de l’écurie ART, codirigée par Todt. S’en suivent deux années difficiles, avec une seule victoire acquise l’an dernier et une troisième place finale au championnat, derrière Romain Grosjean mais devant Charles Pic. Promu pilote de réserve au sein de la célèbre Scuderia Ferrari en 2011, le Niçois occupe cette saison la même fonction chez Force India, à la différence qu’il peut accumuler de l’expérience au volant d’une monoplace de Formule 1 en participant aux séances d’essais libres du vendredi matin.

Le tricolore mène un double programme cette saison, avec son engagement dans le championnat de Formule Renault 3.5, qui est plus relevé cette année que le plateau de GP2 Series. F1i était présent à Motorland Aragon le week-end dernier pour le coup d’envoi des World Series by Renault. L’occasion de bavarder avec Jules au sein d’un environnement plus décontracté que la Formule 1.

Quelle sensation cela vous fait de courir en Formule Renault 3.5 cette saison ?

« Je pense que la Formule Renault 3.5 est une très bonne série pour un pilote en quête d’expérience, du fait notamment que la nouvelle voiture introduite cette saison est beaucoup plus performante que celle de l’an dernier. Elle se rapproche encore plus d’une monoplace de Formule 1. Il y a également une nouveauté cette année, qui est l’utilisation de l’aileron arrière ajustable, comme en F1. En outre, le niveau du plateau est très élevé en 2012. Je crois que c’est un bon passage pour une future carrière en Formule 1. »

Vous connaissez bien la monoplace de GP2 Series pour avoir couru pendant deux saisons dans cette série. Quelle auto, entre la GP2 et la nouvelle Formule Renault 3.5, se rapproche le plus des sensations d’une F1 ?

« Les deux monoplaces ont des caractéristiques assez différentes. La GP2 est plus proche d’une F1 car les pneus sont similaires, on utilise les Pirelli comme en Formule 1. En Formule Renault 3.5, étant donné qu’on utilise des Michelin, c’est forcément différent, le pilotage est donc différent. Maintenant, il y a beaucoup d’aéro avec la monoplace de 3.5, ce qui est une bonne chose. »

Curieux de voir laquelle des deux autos sera la plus rapide dans les rues de Monaco ?

« Je pense que ce sera quand même la GP2 car elle dégage 80 chevaux de plus pour un poids quasiment identique. Je crois que ça va être serré entre les deux disciplines dans les rues monégasques. Quoi qu’il en soit, la Formule Renault 3.5 est une très bonne série pour un pilote. »

Jules au volant de la Tech 1 à Motorland Aragon lors de la première course du week-end.

Justement, le plateau 2012 de FR3.5 semble plus compétitif que celui de GP2 Series cette année…

« C’est vraiment difficile à dire, à comparer les deux championnats. Il y a aussi un bon niveau en GP2 parmi les pilotes. Il y a des pilotes qui vont vite, comme Davide Valsecchi. Maintenant, c’est sûr que sur le papier il y a peut-être plus de concurrence en Formule Renault 3.5 cette saison. Après, comme je l’ai dit, c’est vraiment difficile de comparer ces deux disciplines. »

A-t-on plus de pression quand on arrive en FR3.5 après une année en tant que pilote de réserve au sein de la Scuderia Ferrari tout en évoluant toujours en Formule 1 en étant maintenant réserviste chez Force India ?

« C’est sûr que l’obligation de réussite est là, après, j’ai toujours eu la pression. En étant troisième pilote en F1, c’est sûr que les gens se disent que mon niveau est plus haut alors que c’est en réalité pareil car les autres pilotes engagés en 3.5 sont également très bons. Il ne faut pas du tout les sous-estimer. »

Gérez-vous facilement ce double programme Force India/FR3.5 ?

« J’ai une double casquette. J’essaye de faire la part des choses quand je suis en Formule 1 et quand je suis ici. En Formule Renault 3.5, je dois vraiment continuer à progresser alors qu’en F1, c’est différent, je dois montrer que je suis un pilote plus confirmé quand j’effectue des tests avec Force India, par exemple. Du coup, c’est quand même deux choses assez différentes et c’est pour ça que je dois être bien préparé à chaque fois que j’arrive sur un meeting. »

Quel regard portez-vous sur vos débuts avec Force India ?

« Je pense avoir bien débuté. Le premier jour s’est bien passé lors des essais hivernaux à Jerez. Lors de la seconde journée, j’ai commis une erreur qui était malheureusement un peu plus difficile à vivre pour moi, mais je suis resté concentré sur le positif de ces essais. J’ai suivi l’équipe en Malaisie puis en Chine. J’ai participé à la première séance d’essais libres du vendredi matin à Shanghai, malheureusement la mauvaise météo ne m’a pas permis d’effectuer un grand nombre de tours… Mais au final, j’ai réussi à collecter des données, ce qui était le principal. »

« Plus récemment, j’étais en piste pour une journée au Mugello, où la pluie était encore au rendez-vous. Du coup, je n’ai fait que trois tours en slicks. Pour mon expérience personnelle, c’est vrai que ce n’était pas grand-chose à chaque fois, mais au final c’est toujours bien de se retrouver derrière le volant d’une F1, je n’ai donc pas boudé mon plaisir et c’est toujours bénéfique. Pour les essais du vendredi avec Force India, j’en ai encore huit au minimum. Ma prochaine sortie avec l’équipe est à Barcelone. Ensuite, ce n’est pas encore défini, c’est l’écurie qui voit en fonction des tests qu’ils ont à faire. Dans l’immédiat, j’espère qu’il fera beau à Barcelone afin que je puisse un petit peu plus rouler et continuer à accumuler de l’expérience au volant d’une F1. »

Vous êtes également toujours membre de la Ferrari Driver Academy, tout en courant pour Force India, une écurie rivale…

« Je fais la part des choses. C’est sûr que c’est une situation un peu compliquée à expliquer. Quand je cours pour Force India, c’est pour Force India, et quand je cours en Formule Renault 3.5, je suis un pilote de la Ferrari Driver Academy. Il n’y a pas de lien entre l’académie et Force India. Par exemple, si je tourne dans le simulateur de Ferrari, c’est pour me préparer moi. Les simulateurs sont aujourd’hui très bien développés, ils arrivent à reproduire beaucoup de choses, en particulier au niveau de la sensibilité de la voiture, mais aussi au niveau de l’aérodynamique, etc. Mais je préfère me concentrer sur mes programmes avec Force India et en Formule Renault 3.5. »

Pour revenir à Force India, les trois derniers pilotes de réserve ont tous été promus l’année suivante comme titulaires. Cela doit motiver même si ça reste anecdotique.

« Cela prouve surtout qu’ils font confiance en leurs pilotes d’essais et que si jamais je fais un bon travail avec eux, il y a moyen de pouvoir courir en Formule 1 avec eux, et courir en F1 est mon objectif ultime. Il ne me reste plus qu’à faire du bon boulot avec eux et en 3.5 afin de montrer aux gens que je mérite d’avoir ma place en F1. Pour le moment, il y a trois Français en Formule 1, c’est bien pour le sport automobile français, et j’espère qu’il y en aura bientôt un quatrième. »

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