A Valence, théâtre de ses débuts en Formule 1 il y a trois ans déjà, Romain Grosjean arrive en terrain connu. La journée du vendredi sera donc différente de celle du Canada, où le Français avait dû consacrer ses essais libres à apprendre un tracé qu’il ne connaissait pas.

Pour autant, même si les vingt-cinq virages du tracé urbain n’ont plus de secret pour lui, le tour du circuit à pied reste un exercice indispensable, comme Romain l’a expliqué à F1i.

F1i : L’un des rituels du jeudi est d’effectuer un tour du circuit à pied le jeudi. Ici, à Valence, vous y avez consacré une partie de la matinée. A l’heure des simulateurs, c’est un rituel encore utile ?

Romain Grosjean : “Bien sûr ! En marchant avec les ingénieurs, on regarde l’angle des virages, on examine comment se présentent les vibreurs (ici, à Valence, ils ne sont pas trop élevés, mais ce n’est pas toujours le cas) et on vérifie aussi s’il y a des bosses, des plaques ou des grilles d’égout, pour les circuits en ville comme ici.

On arpente le circuit une feuille à la main, qui reprend les données de l’an passé, les rapports de boîte à utiliser dans chaque virage, les zones où il faut activer le DRS, le KERS, etc. C’est aussi l’occasion de prendre des points de repère : on remarque où sont placés les panneaux de freinage…”

Même sur un tracé que vous connaissez déjà ?

“Connaître le circuit permet de ne pas perdre de temps pour trouver la cadence parce que vous savez où sont les points de freinage, les trajectoires, les virages. Je connais bien le tracé de Valence, car j’ai obtenu un podium dans la course principale de GP2 en 2008 et j’ai gagné ici en 2011, donc c’est un circuit où je me sens à l’aise, pas de doute. Cela dit, il est toujours important d’actualiser ses connaissances, car de petites retouches sont souvent apportées sur un circuit d’année en année. Quand on découvre le circuit, c’est différent, plus compliqué. A Melbourne, où je n’avais jamais couru, je voulais faire un tour en vélo après ma reconnaissance à pied, mais les commissaires ne m’ont pas laissé faire !”

Qui vous accompagne durant cette promenade un peu spéciale ?

“Il y a du monde ! (Rires) Je parcours le circuit avec tous les ingénieurs qui travaillent avec moi : mon ingénieur de piste (Ayao Komatsu), mon ingénieur performances (Chris Richards), mais aussi mon ingénieur chargé de l’électronique, l’ingénieur moteur de Renault, ainsi que le responsable de la stratégie. Et en général, Alan (Permane, directeur des opérations de piste) est également là. Kimi (Räikkönen) et Jérôme (D’Ambrosio, pilote de réserve de l’équipe) sont entourés de la même manière.”

Vu le temps compté, j’imagine que vous entrez d’emblée dans le vif du sujet…

“Oui et non, car le tour à pied est aussi un bon moyen de reprendre contact avec l’équipe après avoir passé du temps chacun de son côté. On parle un peu de tout, de la vie en général, de la famille, et ensuite bien sûr des réglages, de la consommation d’essence, de la stratégie… C’est un moment que j’apprécie beaucoup, et qui est d’autant plus important que notre nouveau simulateur n’est pas encore terminé.”

C’est seulement votre huitième tour à pied avec vos ingénieurs…

“Cela fait un an que je suis au contact de l’équipe et une vraie cohésion se met peu à peu en place. Je travaille dur avec Ayao et Chris pour avoir la meilleure relation possible, pour apprendre à mieux se connaître et à progresser ensemble. Mais ce sont parfois des petites choses. Dans l’assiette, par exemple, les cuisiniers du team savent : pâtes blanches, jambon blanc… et j’ai toujours des Haribo à portée de main ! Ce sont des détails, mais ces choses font que je me sens de plus en plus chez moi et ont une influence positive sur la confiance.”

Le tour à pied n’est pas la seule préparation à la course…

“En effet. J’essaie d’aller à l’usine la semaine qui précède le Grand Prix pour préparer le Grand Prix avec Ayao. Je me suis rendu à Enstone la semaine passée pour remercier les gars de l’usine pour tout le travail fourni, et j’en ai profité pour passer en revue avec Ayao les points à améliorer, comme la qualification au Canada.”

Après le tour de circuit à pied avec les ingénieurs, l’après-midi est consacrée aux médias. Puis le week-end de course proprement dit avec les essais du vendredi. Les moments de détente sont rares !

“Entre les roulages et les briefings techniques, tout s’enchaîne très vite. Pour me détendre, je bouquine. J’ai lu récemment la biographie d’Agassi. Sinon, je regarde des comédies pour me vider la tête. Pas de musique, ce n’est pas trop mon truc, ni même de foot à la télé, malgré la coupe d’Europe. Je ne suis pas un grand fan de football, je dois l’avouer…

Le soir, je dîne au circuit avec les ingénieurs, ou alors en ville avec mes proches, mais on ne parle pas F1. Je dors sans problème, je ne suis pas superstitieux, je fais simple. La F1, c’est une montagne à gravir, alors mieux vaut ne pas se polluer l’esprit !”

Nicolas Carpentiers, depuis Valence.

Romain a examiné la granulosité du bitume, la hauteur des vibreurs, avant de raconter son tour à pied à F1i.

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