En exclusivité pour F1i, l’ingénieur Jacky Eeckelaert, qui a travaillé pour les écuries Jordan, Prost GP, Sauber, Honda et dernièrement HRT (avant de rejoindre cette année le championnat du monde FIA d’endurance) vous livre son avis d’expert sur les Grands Prix.

Aujourd’hui, il revient pour nous sur le Grand Prix de Hongrie, remporté par Lewis Hamilton devant les deux pilotes Lotus, Kimi Räikkönen et Romain Grosjean

La constance d’Alonso paie…

“Terminer cinquième n’est pas, en soi, une bonne performance pour Fernando Alonso. Mais il finit tout de même devant Mark Webber, son poursuivant le plus proche au championnat, et ne perd que deux point sur Vettel, dont la Red Bull me semble intrinsèquement meilleure (et pas affectée par le changement de réglementation sur la cartographie). Pour la 23ème fois d’affilée dans les points (tout proche du record de Schumacher, même si les barèmes sont différents et la comparaison donc biaisée), Fernando a bien profité du passage à vide de McLaren et de l’abandon de Vettel à Valence, mais il ne va pas avoir la partie facile dans la seconde moitié de la saison, car la Ferrari est en retrait en performance pure.

Son avantage par rapport aux pilotes Red Bull est que Felipe Massa ne va pas lui prendre de points, alors que Webber enlève des unités à Vettel, et vice-versa. Horner ne donnera pas de consigne, car il n’y a que deux points d’écart entre ses pilotes (c’est moins exclu, par contre, chez McLaren, où Jenson Button est largement distancé, même si ce n’est pas le genre de la maison). Le point fort de Milton Keynes au classement des constructeurs (où elle est en tête grâce à deux pilotes solides) semble donc être un point faible pour le championnat des pilotes…”

… comme la régularité de Lotus

“Mettre Kimi Räikkönen (deuxième pour la troisième fois cette année) et Romain Grosjean sur le podium est une très belle performance, qui ne doit pas être oblitérée par une obsession de la victoire. Car l’une des leçons du Grand Prix de Hongrie est que la E20 marche partout, sur tous les types de circuit : être rapide à Barcelone et sur le Hungaroring est la preuve que la voiture est vraiment à l’aise partout. En cela, la Lotus est proche de la Red Bull, également constante et régulière, là où la Ferrari et – jusqu’il y a peu – la McLaren alternent le bon et le moins bon, sans parler de Mercedes. Cette constance paie, car Enstone n’a qu’un point de retard sur McLaren, qui a pourtant gagné trois Grands Prix, et compte huit podiums comme elle. Pas mal, non ? Au classement des constructeurs, la compétition est d’ailleurs très serrée : il n’y a que quatre points entre McLaren, Lotus et Ferrari, après onze courses.”

Mercedes sur une pente dangereuse

“Avec Sauber et Toro Rosso, Mercedes est la grosse déception de ce week-end. C’est la première fois depuis le Grand Prix de Belgique 2010 que l’équipe ne place aucune de ses voitures en Q3. A l’issue de la séance, elle était derrière ses deux écuries clientes, McLaren et Force India, c’est vous dire !

Si la W03 était ratée, elle n’aurait pas gagné en Chine, ni obtenu la pole position à Monaco (avant la pénalité infligée à Schumacher) ou un podium à Valence. Des performances en dents de scie indiquent plutôt un problème au niveau de l’exploitation de la monoplace, et notamment des pneumatiques. Lors des trois dernières courses, Mercedes n’a inscrit que 13 points, contre 70 à Red Bull, 67 à Ferrari, 66 à Lotus et 56 à McLaren. Pas sûr que les patrons apprécient beaucoup à Stuttgart…”

Tout s’arrête pour la pause estivale, même si…

“La pause estivale va s’étaler sur un peu moins de cinq semaines. En réalité, durant cette période qui a débuté lundi matin et se termine pour la course de Spa-Francorchamps début septembre, toutes les équipes doivent fermer leurs portes au moins pendant 14 jours pleins. J’ai connu cette période chez Honda et HRT, où l’on jouait le jeu, notamment parce que les gars ont vraiment besoin de se reposer. Avec vingt courses au calendrier, une pause est indispensable, aussi bien pour les jambes que pour la tête. Mais bien sûr, rien n’empêche un ingénieur de continuer à réfléchir, à mettre ses idées sur papier… Bonnes vacances à vous aussi, lecteurs et visiteurs de F1i !”

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