Le patron technique de Red Bull estime qu’aucune écurie ne dominera la seconde moitié de la saison.

Alors que les onze premiers Grands Prix ont vu émerger sept vainqueurs différents (pilotant pour cinq écuries), l’ingénieur britannique ne voit pas de raison à ce que les courses soient moins ouvertes à partir du Grand Prix de Belgique.

Interrogé par le magazine Autosport sur le risque de voir dominer une formation, Newey répond par la négative : “Cela semble très peu probable. Il est toujours possible que quelqu’un fasse un boulot parfait, soit en introduisant une nouvelle idée que les autres n’ont pas, soit en faisant mieux évoluer leur voiture que les autres. Et si une tendance s’est un peu dégagée par rapport au début de la saison, le jeu reste encore ouvert.” Ce qui pourrait faire le jeu d’Alonso, dont les poursuivants pourraient se partager les points…

Car avec des monoplaces proches les unes des autres, de petits écarts chronométriques équivalent parfois à plusieurs places : “Deux dixièmes de seconde n’auraient sans doute pas provoqué de changement de position sur la grille il y a deux ans, mais aujourd’hui, ils en valent quelques-unes. La compétition s’est resserrée, ce qui implique que de légères variations dans les performances peuvent créer de grosses différences.”

Selon Newey, ce resserrement des forces tient notamment au fait que la FIA a peu à peu bouché les failles que contenait le règlement technique entré en vigueur en 2009. Le double diffuseur cette année-là, le F-duct en 2010, le diffuseur soufflé en 2011 et les cartographies moteur variables cette saison ont été déclarés illégaux par Charlie Whiting le délégué technique de la Fédération.

“La situation actuelle est le produit de deux choses. Premièrement, le règlement est devenu de plus en plus restrictif d’année en année, ce qui a poussé les gens à explorer les failles dans les règles originales de 2009, qui ont été condamnées depuis. Ensuite, les écuries ont eu le temps de converger. Si vous regardez les voitures de 2009, vous constatez qu’il y avait de grandes différences dans la forme des monoplaces. Si vous examinez les machines d’aujourd’hui, derrière les changements cosmétiques comme la forme du nez, vous noterez une convergence dans les zones qui produisent le plus de performance.”

Ce qui ne fait pas le bonheur de l’ingénieur Newey, frustré de voir sa créativité ainsi bridée ; “Oui, c’est frustrant, la F1 devrait être la combinaison d’un championnat des pilotes et d’un championnat des constructeurs. Ce qui veut dire que les règles doivent être assez ouvertes pour que les équipes puissent tirer des bénéfices d’idées nouvelles. ? Si le règlement continue à être de plus en plus restrictif, la F1 finira par être du GP1.”

D’un autre côté, cette stabilité réglementaire et la standardisation croissante de certains éléments (moteur, électronique) ont produit un nivellement par le haut des performances, une compétition plus disputée et un meilleur spectacle. On comprend que le père de la fabuleuse RB7 aimerait vivre des saisons comme celle de l’an passé (13 victoires et toutes les poles positions sauf une, pour Hamilton !), mais les spectateurs ne  préfèrent-ils pas le cru de cette année, imprévisible et passionnant ?

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