Une réunion importante s’est tenue ce dimanche matin dans le paddock de Suzuka, dans l’hospitalité Lotus (voire la photo ci-dessus), afin de tenter d’adopter une position commune face à la FIA et Bernie Ecclestone.

Le 23 octobre prochain, les écuries se réuniront à Paris au siège de la FIA pour discuter avec la fédération et le grand argentier de la F1 des nouveaux Accords Concorde portant sur la période 2014-2020. Ce document régit le fonctionnement du championnat. Il détermine notamment les frais d’inscription, le processus décisionnel à suivre pour élaborer les futures réglementations ou encore la clé de répartition des revenus générés par la Formule 1 entre les écuries et le détenteur des droits commerciaux.

Plusieurs points houleux seront à l’ordre du jour de cette réunion. Le premier, les frais d’inscription. La FIA a un besoin urgent d’argent frais. Pour y parvenir, son président Jean Todt entend augmenter sensiblement le coût de participation au championnat du monde de Formule 1. La dernière proposition sur la table ferait état d’un droit d’entrée fixé à 380.000 euros par équipe par saison, plus des frais additionnels de 3.800 euros par point inscrit la saison précédente (4.600 euros par point pour l’équipe Championne du monde en titre). Cela signifie qu’une écurie comme Red Bull devrait payer la somme ahurissante de 3,3 millions d’euros pour participer au championnat 2013.

La FIA compte ainsi récolter quelque 12 millions d’euros en puisant directement dans le budget des écuries. S’ajouterait à cela un paiement d’environ 18 millions d’euros de la part d’Ecclestone en échange de la ratification des nouveaux Accords Concorde – la signature de la FIA étant obligatoire.

Or, ces nouveaux Accords Concorde renforcent clairement le pouvoir décisionnel du détenteur des droits commerciaux, CVC Capital Partners, au détriment des écuries. Actuellement, comme l’expliquent nos confrères d’Autosport, c’est la Commission F1 qui est l’organe décisionnel. Elle est composée de 26 membres : le président de la FIA, les 12 team principales, trois promoteurs européens (choisis par CVC), trois promoteurs extra-européens (choisis par CVC), un promoteur européen (choisi par les écuries), un promoteur extra-européen (choisi par les écuries), un représentant de Pirelli, un représentant de chaque motoristes et deux représentants des sponsors.

Avec le système actuel, les équipes peuvent habituellement compter sur 18 votes (sur 26), ce qui leur permet d’atteindre les 70% nécessaires pour ratifier les décisions les plus sensibles.

La Commission F1 est composée de deux sous-comités, le groupe technique de travail et le groupe sportif de travail, qui élaborent respectivement la réglementation technique et celle sportive si les décisions sont prises avec une majorité d’au moins 70% des votes. Les propositions sont ensuite envoyées à la Commission F1 qui, si elle donne son aval, les renvoie ensuite au Conseil Mondial du Sport Automobile, ce dernier ayant un pouvoir de ratification mais en aucun cas d’amendement.

Ecclestone aimerait changer ce système, et souhaiterait obtenir l’appui de la FIA à sa proposition moyennant ce fameux paiement de 18 millions d’euros. Selon Autosport, ce nouveau système diluerait sensiblement le pouvoir de décision des écuries. Mister E. souhaiterait restructurer la Commission F1, la réduisant à 18 membres – avec six votes pour la FIA et six autres pour le détenteur des droits commerciaux. Les teams n’auraient plus que cinq voix, allant à Ferrari, Red Bull, McLaren, Mercedes et Williams, plus à une sixième écurie qui serait choisie par CVC (et donc à la solde du détenteur des droits commerciaux…).

Ainsi, le pouvoir décisionnel des équipes passerait de 70% actuellement à seulement 28% (33% si l’on tient compte du team qui serait choisi par CVC). Tous les autres membres qui composent l’actuelle Commission F1, dont les motoristes et les promoteurs de Grands Prix, seraient tout simplement exclus de ce nouvel organe.

On comprend mieux, dès lors, pourquoi la majorité des écuries est opposée à la proposition d’Ecclestone. C’est pour cela que dix teams se sont réunis ce matin à Suzuka – les huit équipes qui composent toujours l’Association des Equipes de Formule 1 (FOTA), rejointes par Ferrari et Sauber – pour tenter de trouver une position commune en marge de la réunion du 23 octobre prochain.

Red Bull et Toro Rosso n’étaient pas invitées. Plusieurs team principals commenceraient en effet à en voir assez que leur homologue du Taureau Rouge, Christian Horner, aille ensuite faire un compte-rendu à Ecclestone de ce qui a été discuté au cours de leurs réunions. Les deux hommes sont amis. Horner était d’ailleurs le seul patron d’écurie à avoir été invité au récent mariage de Mister E.

« Devrions-nous juste avaler ce qui nous est présenté par Ecclestone et Todt ?« , concluait Toto Wolff, le copropriétaire de l’équipe Williams, aujourd’hui dans le paddock nippon…

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