Vingt-cinq et dix-sept points : telle est l’avance respective de Sebastian Vettel sur Lewis Hamilton et de la Scuderia Ferrari sur Mercedes. Voilà qui commence à compter, et qui impose aux Flèche d’argent d’atteindre le cœur de la cible au Canada. Or, le circuit Gilles-Villeneuve (comme Bakou d’ailleurs) risque de poser à la W08 les mêmes problèmes que ceux qu’elle a rencontrés à Sotchi et Monaco.

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MERCEDES, MYSTÈRE ITALIEN ET BOULE DE GOMME

Le circuit canadien présente des virages lents et offre un revêtement pareillement lisse, alors que la gamme pneumatique est identique (tendres, supertendres et ultratendres). Or, dans ces conditions – on l’a vu en Russie et il y a quinze jours en Principauté –, la Mercedes peine à exploiter correctement ses pneumatiques tendres. La raison ? Son châssis n’est pas parfaitement équilibré : l’arrière manque de stabilité, et lorsque l’équipe tente d’y remédier, du sous-virage apparaît, qui fait surchauffer les gommes avant. Bref, la monture de Lewis Hamilton et Valtteri Bottas ne parvient pas à mettre en température ses pneus avant et arrière harmonieusement, les gommes avant atteignant plus lentement la température optimale : “Sur la Ferrari, les deux axes [avant et arrière] fonctionnent toujours de concert, explique le Finlandais, ce qui n’est pas le cas chez nous, où ils ne travaillent pas toujours ensemble.”

Bottas : “Sur la Ferrari, les deux axes [avant et arrière] fonctionnent toujours de concert, explique le Finlandais, ce qui n’est pas le cas chez nous, où ils ne travaillent pas toujours ensemble.”

Ce genre de problème se manifeste davantage sur les circuits lents et à faible grip (les courbes rapides facilitent la montée en températures des pneus avant et compensent le phénomène). D’où la difficulté de la W08 à tirer la quintessence des gommes italiennes sur de tels tracés : “Sotchi et Monaco sont des circuits exigeant de la motricité, qui vous obligent à préserver vos pneus arrière, tout en ne sacrifiant pas trop les gommes avant, explique Mario Isola, le patron de Pirelli F1. Glisser du train arrière fait surchauffer les pneus, même s’il s’agit d’une surchauffe un peu différente étant donné que l’asphalte est lisse. En même temps, une bonne montée en températures des pneumatiques avant est essentielle pour boucler un tour rapide. On va avoir le même effet à Montréal.”

Si la Flèche d’argent est pointue à régler (au point que Hamilton et Bottas explorent des pistes de réglages différentes), la SF70H semble posséder une plage d’utilisation plus étendue, ce qui l’autorise à exploiter tous les mélanges. En réponse à l’insinuation de collusion entre Pirelli et Ferrari de Toto Wolff (qui parla de “mystère italien” pour expliquer le fiasco monégasque), le patron de Pirelli Tronchetti Provera a rappelé que c’est Vettel qui s’est chargé de la plupart des essais pneumatiques pour Maranello (en rendant visite à l’usine, comme autorisé par le règlement) alors que Brackley a fait appel à Pascal Wehrlein. Le quadruple Champion du monde, qui a bouclé 2228 km contre 50 pour Hamilton dans le cadre des tests préparatoires organisés par Pirelli, a terminé toutes les courses 2017 en première ou deuxième position… La victoire semble à la portée du bolide rouge, même si le risque d’entrée en piste de la voiture de sécurité s’élève à 80 %.

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