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LA FIABILITÉ VA-T-ELLE DÉCIDER DU TITRE ?

La mécanique va-t-elle encore interférer à Suzuka dans le duel opposant Lewis Hamilton à Nico Rosberg ?

Si l’explosion du V6 Mercedes sur la monoplace du Britannique il y a une semaine à Sepang a été la première panne à provoquer l’abandon d’une Flèche d’argent en course cette saison, la fiabilité de la W07 est loin d’avoir été parfaite, surtout du côté du Champion du monde en titre.

Hamilton a ainsi atteint son quota de groupes propulseurs dès le Grand Prix d’Autriche (cinq exemplaires de chaque composant), après avoir subi deux casses de MGU-K consécutives en qualification (en Chine puis en Russie). D’autres incidents, moins sérieux, ont perturbé ses week-ends, comme le détaille la liste ci-dessous. Ces pépins mécaniques à répétition ont obligé Mercedes à procéder à un triple remplacement de “power unit” sur sa voiture en Belgique, synonyme de pénalité et de départ depuis dernière ligne. Étonnamment, c’est l’un de ces trois nouveaux blocs qui a explosé en Malaisie, à cause de la casse d’un coussinet de bielle. Sur les 43 V6 hybrides fabriqués à Brixworth par Andy Cowell et ses hommes, seul ceux qui propulsent la Mercedes n° 44 ont connu des défaillances en qualification ou en course.

Combien de points cette série noire a-t-elle coûté à l’infortuné champion ? Impossible à dire sérieusement. Au moins 25 unités (il filait vers la victoire en Malaisie avant de devoir renoncer), peut-être plus… Les supporters de Lewis ajouteront peut-être douze points hypothétiquement perdus à Shanghai (six points marqués au lieu des dix-huit envisageables vu la domination sans partage des bolides argentés ce week-end-là), voire quelques autres points abandonnés à Spa. Quoi qu’il en soit, s’il avait franchi la ligne d’arrivée en vainqueur en Malaisie, Hamilton posséderait cinq unités d’avance sur son voisin de garage (en supposant que Rosberg eût fini au quatrième rang) et non 23 points de retard. Mais avec des “si”, on mettrait Tokyo en bouteille…

Rosberg n’a pas été épargné par les dysfonctionnements, mais ceux-ci ont été moins graves : le seul incident sérieux s’est produit en essais libres, alors que les autres accrocs mécaniques ou électroniques ont eu des effets mineurs ou ont pu être résolus

Incontestablement, Rosberg n’a pas eu à souffrir de pannes aussi sérieuses, même s’il n’a pas été épargné par les dysfonctionnements, comme le rappelle la liste ci-dessous. Sauf que ceux-ci ont été moins graves : le seul incident sérieux (bris de suspension) s’est produit en essais libres (Autriche), alors que les autres accrocs mécaniques ou électroniques ont eu des effets mineurs ou ont pu être résolus (Grande-Bretagne, Allemagne). Cette saison, l’Allemand est plus en veine que son équipier quant à la fiabilité. Ce n’était pas le cas l’an passé, puisqu’il avait subi deux abandons (Italie, Russie), contre un seul pour Hamilton (Singapour). En 2014, la poisse avait touché les deux pilotes presque équitablement : deux abandons pour Lewis (Australie, Canada) et deux pour Nico (Grande-Bretagne, Singapour) – même si d’autres incidents avaient pesé (freins en Allemagne et incendie en Hongrie le samedi pour Hamilton, panne d’ERS en course à Abou Dhabi, qui fit chuter Rosberg du 2e au 14e rang). Cela dit, mesurer la malchance, même uniquement du point de vue de la fiabilité, n’est pas une chose aisée.

Il faut espérer que le Grand Prix du Japon ne sera pas parasité par la mécanique, et qu’il donnera à voir une lutte intense entre les deux candidats au titre. Contrairement à Rosberg, Hamilton doit s’imposer s’il veut rester dans la course au titre, comme il l’a fait lors des deux dernières éditions (la pole étant revenue à Rosberg les deux fois), alors qu’il reste cinq manches à disputer et 125 points à partager. Le Britannique a déjà remporté cinq courses d’affilée en 2014 (Italie-USA) et pourrait rééditer l’exploit… à condition de ne pas être trahi par sa machine.

Lewis Hamilton Nico Rosberg
Chine : panne du MGU-K en début de qualification, et pénalité de 10 places qui le relègue au 22e rang sur la grille (termine 7e) Australie : Surchauffe des freins en milieu de course (parti 2e, il finit 1er)
Russie : panne du MGU-K lors de la Q3 qui le rejette en 10e position sur la grille.  Chute de la pression d’eau en course qui l’oblige à lever le pied (termine 2e) Russie : perturbation de l’ERS en course (parti en pole, il finit 1er)
Monaco : problème de pression d’essence dans la voie des stands lors de la Q3 (parti 3e, il finit 1er) Monaco : problème de pression d’essence en Q3, puis de freins en course (parti 2e, il finit 7e)
Europe : réglage moteur erroné en course (parti 10e, à cause d’une sortie de piste en qualification, il termine 5e) Europe : réglage moteur erroné en course, qu’il corrige plus tôt que son équipier (parti en pole, il termine 1er)
Singapour : fuite hydraulique en essais libres qui le prive de roulage (parti 3e, il finit 3e) Autriche : rupture de la suspension arrière en essais libres provoquant la casse de la transmission et son remplacement, d’où une pénalité de cinq places sur la grille (parti 6e, il termine 4e)
Malaisie : casse moteur en course qui l’oblige à stopper alors qu’il mène (parti en pole, il abandonne) Grande-Bretagne : problème hydraulique sur la boîte de vitesses en essais libres, puis blocage sur le 7e rapport en fin de course, que l’écurie résout par une consigne, ce qui lui vaut une pénalité de dix secondes et la perte de la deuxième place (parti 2e, il finit 3e)
Allemagne : accélérateur défectueux en Q3, qui lui fait perdre du temps et l’oblige à rouler avec trop d’essence (parti malgré tout en pole, il termine 4e)

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