192.100 dollars. Non, il ne s’agit pas du prix du dernier cadeau offert par Bernie Ecclestone à l’une de ses deux filles, la somme resterait alors dérisoire ! C’est le montant qui a été récolté tout au long de cette saison de Formule 1 par les participants au projet RunThatTrack. Cette initiative reste méconnue en dehors des paddocks, voilà pourquoi F1i Magazine a tenu à revenir sur cet élan de générosité.

Les F1 et autres monoplaces de GP2 ne sont pas les seules à tourner au tour des circuits durant les week-ends de Grand Prix. Plusieurs personnalités du paddock transpirent également sur les pistes une fois les circuits fermés à la compétition, en s’adonnant à l’exercice de la course à pied. Rien de bien étonnant là-dedans si ce n’est la naissance du projet RunThatTrack l’an dernier, dont le but initial était de permettre aux coureurs de comparer leurs chronos.

Le concept trouve son origine en 2009 après plusieurs bières consommées dans de nombreux bars au quatre coins de la planète. Au départ, il s’agissait plus d’une mauvaise blague mise sur le compte d’une consommation excessive d’alcool ! Toutefois, le projet a rapidement gagné en popularité tout au long de la saison 2010 et un site a rapidement été développé afin de permettre aux participants d’enregistrer leurs temps. Un championnat a même été mis sur pied, qui a vite vu la domination du photographe Matthew Kingston-Lee et de la mafia française emmenée par Vincent Fournier de chez Total. Une domination qui continue d’ailleurs encore aujourd’hui.

Durant l’intersaison 2010-2011, le projet s’est développé et s’est trouvé un partenaire officiel pour la générosité en la personne d’UBS, déjà commanditaire officiel de la Formule 1. Pour chaque tour enregistré sur le site Internet, la banque suisse s’engageait à reverser 50 dollars à l’organisation caritative Make-A-Wish Fondation, qui exauce le vœu le plus cher d’enfants qui sont ou ont été gravement malades.

En l’espace de trois Grands Prix à peine, l’initiative a séduit de plus en plus de personnalités du paddock, dont certaines n’avaient pas spécialement un amour particulier pour la course à pied mais désiraient se mettre au service d’une bonne cause. C’est ainsi que la somme reversée par UBS a été doublée pour atteindre 100 dollars à partir du Grand Prix de Chine – un circuit sur lequel les inhalations de dioxyde de carbone ont également atteint des sommets pour les participants ! Affichant un nombre d’engagés de plus en plus important après chaque épreuve, le projet RunThatTrack a connu un nouveau coup de fouet à l’occasion du Grand Prix de Hongrie, juste avant la trêve estivale. UBS s’était engagé à reverser 300 dollars par tour enregistré ! A cette occasion, une séance collective avait été organisée le samedi soir.

L’initiative fut couronnée de succès puisqu’elle a réuni une centaine de participants, F1i Magazine représenté par son journaliste Grégory Demoen (42ème temps du week-end), qui a transpiré avec le sourire (et aussi des grimaces, surtout à la fin !) le long des 4,381 km du tourniquet hongrois. Au final, plus de 30.000 dollars ont été récoltés durant ce seul week-end à Budapest. Pour l’anecdote, le meilleur temps était revenu à Daniel Schloesser de Mercedes GP en 15 minutes et 11 secondes, ce qui représente tout de même une moyenne de plus de 17 km/h.

Bon nombre de personnalités du paddock avaient également pris leurs baskets et autres tenues de sport pour s’attaquer au circuit de Spa-Francorchamps, malgré les sept kilomètres de distance à parcourir, dont le Raidillon. F1i Magazine était également de la partie, y effectuant deux tours de piste. Après un premier effort « intense » le jeudi après-midi, j’avais profité de la journée de vendredi afin de peaufiner mes réglages avant de m’élancer pour un second tour du toboggan des Ardennes le samedi en fin d’après-midi. Munis de baskets à gomme tendre et en dépit d’un aileron arrière ajustable inopérant à l’Eau Rouge, je m’étais classé 40ème et premier (et seul !) Belge de mon Grand Prix national, avec un temps honorable de 38 minutes. Insuffisant toutefois pour rentrer dans les 107% (voire même les 140% !) du vainqueur, Matthew Kingston-Lee, qui a avalé le circuit de Spa-Francorchamps en un temps record de 25 minutes et 59 secondes. Pour ma défense, j’avais rencontré des surchauffes musculaires par moments, le niveau d’adhérence de mes baskets aurait pu être amélioré et mon diffuseur soufflé ne procurait pas le bénéfice escompté. C’était néanmoins de nouveau un vrai régal de courir (à pied) sur ce circuit et de rapporter quelques centaines de dollars supplémentaires pour la Make-A-Wish Foundation.

L’engouement pour le projet RunThatTrack n’a cessé de croître jusqu’à la fin de la saison et l’élan de générosité à faire grimper la cagnotte. Les sessions collectives du Japon et du Brésil ont atteint un record de participations, avec respectivement 121 courageux à Suzuka et 197 pour la finale du championnat sur le circuit d’Interlagos. Au final, la somme récoltée par les RunThatTrack drivers en 2011 culmine à 192.100 dollars, ni plus ni moins ! Un joli chèque qui a été remis lors de la cérémonie des Autosport Awards par Bjoern Waspe (UBS) et Simon Morillas (McLaren et responsable du projet RunThatTrack) à Karen England de la Make-A-Wish Foundation. Courir pour la générosité, c’est aussi ça la Formule 1.

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