Les maîtres de la pluie récents, de gauche à droite : Hamilton (Silverstone 2008), Alonso (Malaisie 2012), Vettel (Monza 2008), Schumacher (Chine 2006), Button (Canada 2011) et Massa (Interlagos 2008)

Si la météo reste imprévisible outre-Manche, il y a cependant de fortes chances que le Grand Prix de Grande-Bretagne se dispute sous la pluie : des averses sont annoncées samedi et dimanche. La verte campagne anglaise est plus typique sous les gouttes, certes, mais la conduite sur une piste mouillée est un exercice très particulier.

Car lorsque tombent les gouttes, les pilotes perdent leurs points de référence habituels, et c’est alors la sensibilité au comportement de la voiture qui prime. Le freinage, la pression sur la pédale d’accélérateur, les coups de volant sont différents, souvent même d’un tour à l’autre. En outre, la pluie gomme les différences de performance entre les monoplaces : l’efficacité aérodynamique ou la vitesse en ligne droite n’ont plus autant d’importance…

L’histoire de la Formule est jalonnée des exploits de pilotes sur piste humide : Jackie Stewart au Nürburgring en 1968 (la plus belle victoire, sans doute, avec 4 minutes d’avance sur le deuxième !), Jim Clark en 1963 à Spa, Keke Rosberg dans les rues détrempées de Monaco en 1983 (en osant partir en slicks sous la pluie), et, plus près de nous, Ayrton Senna à Donington en 1993 (un tour d’avance sur tout le monde, sauf le deuxième à plus d’une minute !) après son exploit au Portugal en 1985.

Parmi les pilotes 2012, la hiérarchie est plus difficile à établir. Car s’il l’on oublie un temps les “sèches” statistiques, certains coups d’éclat restent gravés dans les mémoires. On se rappelle bien sûr de l’éclatante victoire de Michael Schumacher au Grand Prix d’Espagne 1996, où il éclaboussa de sa classe ses adversaires au volant d’une médiocre F310. Si le pilote allemand est un expert sur un bitume moite, son rival anglais Lewis Hamilton n’est pas loin, lui qui a remporté le championnat 2008 (cinq Grand prix marqués par la pluie) grâce à son adresse sous les nuages, notamment lors d’un Grand Prix de Grande-Bretagne 2008 d’anthologie. La même année, un autre gamin – Sebastian Vettel – s’était révélé au grand public en menant sa modeste Toro Rosso sur la plus haute marche (glissante) du podium à Monza, devenant par la même occasion le plus jeune pilote de l’histoire à remporter un Grand Prix de F1…

Si l’on se penche sur les chiffres, en considérant les trois premiers classés de tous les Grands Prix qui se sont disputés sous la pluie depuis 2005, on constate que c’est Fernando Alonso, vainqueur entre les gouttes en Malaisie cette année, qui est le plus souvent monté sur le podium (à 9 reprises), comme on peut le voir sur cette illustration :

Dans ce classement, le leader de la Scuderia est suivi de près par les pilotes McLaren : Lewis Hamilton (8) et Jenson Button (8 podiums, dont quatre victoires sur le mouillé depuis 2010 !). Ils précèdent le discret Felipe Massa, qui devance les taureaux de Red Bull, à égalité. Si Sebastian Vettel et Mark Webber ne comptent que cinq podiums chacun, c’est aussi, tout simplement, parce que les dernières saisons (depuis 2009) ont compté moins d’épreuves humides…

Malgré son éloignement des pistes de F1 deux campagnes durant, Kimi Räikkönen est parvenu à monter quatre fois sur le podium sous les averses. A l’inverse, la décevante position de Michael Schumacher dans ce classement n’est pas représentative et s’explique par son absence de trois années : le Baron rouge reste un “rainmaster”, lui qui espère la pluie dimanche. Des nuages que souhaite également Sergio Pérez, qui avait failli l’emporter sous le déluge de Sepang il y a trois mois. Attention : ce classement ne tient compte que des trois premiers, ce qui exclut arbitrairement les belles remontées jusqu’au quatrième rang. Il est donc à prendre avec réserve, bien entendu.

Sous les gouttes, la maîtrise de la voiture compte, tout autant que l’à-propos des appels au stand. C’est que passer en gommes intermédiaires ou en pluie au moment opportun permet bien souvent de gagner une nuée de places et d’infliger à ses rivaux une sévère… douche froide ! Verdict dimanche, selon les caprices de la météo.

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