F1 Grand Prix of Austria

© Toro Rosso

Entre vos débuts en 2010 et votre arrivée en 2014 chez Toro Rosso, en quoi votre métier a-t-il principalement évolué?

“Aujourd’hui, tout est beaucoup plus technique, avec des gens vraiment très malins. L’époque où on pouvait faire courir une F1 avec trois mécaniciens et un ingénieur est révolue. Maintenant, vous avez besoin d’une armée d’ingénieurs, de techniciens spécialisés… Du coup, mon job consiste surtout à superviser et à déléguer. Impossible de s’occuper de tout, il y a beaucoup trop à faire. J’ai les mêmes responsabilités qu’avant, mais il me faut une équipe de gars très compétents pour faire tourner la boutique.”

“À côté de cela, je suis aussi responsable du respect du règlement sportif. Un team-manager a une double casquette : il gère l’aspect logistique (les déplacements, la réservation des hôtels, le montage du garage, etc.) et veille à l’application du code sportif. On l’appelle ʻteam-manager’ ou ʻdirecteur sportif’ selon les écuries. Certaines formations ont deux personnes pour chaque casquette, chez Toro Rosso c’est moi ! [Rires]

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Cela veut dire que vous connaissez par cœur le règlement sportif ?

“Les team-managers ne reçoivent pas les règlements, ils les coécrivent avec la FIA en quelque sorte. Lors de réunions, Charlie Whiting [le directeur de course de la F1] nous fait part de ses idées, et nous exposons les nôtres. Si une règle est prise sur un coup de tête, sans concertation, elle sera discutée sans fin. Notre approche est plus collégiale. Nous réagissons à la proposition de Charlie avec des arguments : ʻNous pensons que c’est une bonne mesure pour telle et telle raison.’ Ou au contraire : ʻCe n’est pas une bonne règle, parce qu’elle sera détournée à d’autres fins, ce qui nous forcera à écrire une autre règle’. Ça va dans les deux sens… Je sais ce que sera le règlement avant le reste de l’équipe, car j’ai participé aux discussions.”

“Avoir des règles assez précises est une arme à double tranchant. On peut interpréter le règlement au sens littéral, comme Monsieur Tout-le-monde. Sauf qu’en Formule 1, les écuries paient des ingénieurs pour décrypter le règlement dans tous les sens, afin d’en exploiter la moindre ambiguïté. Prenons l’exemple des pénalités liées aux moteurs. Si elles n’existaient pas, certaines écuries remplaceraient leur V6 à chaque course. Or, une telle dépense serait impossible pour d’autres, qui constituent la majeure partie du plateau. Il s’agit de garantir une certaine équité entre les écuries. Certains peuvent penser qu’il y a trop de règles, mais nous estimons qu’il faut essayer de rendre les choses plus équitables. Même si la sophistication du règlement peut parfois paraître ridicule, je l’admets…”

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