F1 Grand Prix of Austria

© Toro Rosso

Vu la professionnalisation croissante de la F1 dont nous avons parlé au début, un team-manager est-il encore impliqué dans la stratégie ?

“Plus vraiment, ou seulement d’un point de vue logique, dirais-je. La stratégie est fondée sur des logiciels qui effectuent des simulations en continu, avec toutes les permutations possibles, consultées par les ingénieurs de piste, moi-même et James [Key, le directeur technique] en particulier.”

“Il peut arriver que les ingénieurs soient pris dans leurs conversations et oublient de lever les yeux vers les écrans de télé. Je leur dis parfois : ʻLes gars, la voiture de notre concurrent s’est déjà arrêtée, elle est maintenant quinze secondes derrière nous, qu’est-ce qu’on fait?’ Mais, croyez-moi, ça arrive très rarement, car mes collègues sont très compétents. De temps en temps, j’ajoute un peu de bon sens, mais c’est tout.”

© XPB Images & Toro Rosso

Vous arpentez le paddock depuis 1996 et avez côtoyé des dizaines de pilotes. Qu’est-ce qui a le plus changé chez eux en vingt ans ?

“Dans ce domaine aussi, la technologie a changé la donne. Gerhard Berger a été le premier pilote avec lequel j’ai travaillé. Il était de l’ancienne école par la force des choses, dans la mesure où les outils de simulation en étaient à leurs balbutiements. Les ingénieurs s’appuyaient surtout sur les commentaires du pilote.”

“Au-delà de la technique, les choses ont aussi évolué sur le plan de la condition physique.  Michael Schumacher a été le premier pilote à s’entraîner sérieusement. C’est aussi lui qui s’est rendu compte qu’en rentrant très rapidement dans l’allée des stands et en ressortant aussi vite, il pouvait gagner une dizaine de places. Les pilotes qui sont venus après Gerhard, Jean [Alesi] et Michael ont récolté les fruits de cette révolution discrète, ils ont retenu la leçon. L’attitude des pilotes a beaucoup changé à partir de là.”

“Actuellement, nous avons des simulateurs, et les pilotes y passent pas mal de temps. Ce n’est même plus de l’ingénierie, c’est quasiment de la science ! On va tellement dans le détail, tellement en profondeur qu’il est devenu très difficile de manquer une information, ou d’ignorer qu’on n’est pas compétitif dans un domaine. On ne se fonde plus seulement sur le retour du pilote, car les données de la télémétrie sont d’une richesse inouïe.”

© XPB Images

Premier volet de notre série consacrée aux team-managers de Formule 1, avec Andy Stevenson

Portrait du directeur technique de Toro Rosso : James Key, la relève

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