© XPB Images

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De manière plus globale, l’environnement des Grands Prix a changé avec l’arrivée de Liberty Media. Quelle est la vision de Renault sur l’avenir de la F1 ?

Nous sommes en train de réfléchir à ces questions dans le cadre du quarantième anniversaire de notre présence en Grand Prix. La Formule 1 est très complexe, et on peut penser que Liberty va peu à peu découvrir que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles peuvent paraître et que Bernie a malgré tout réalisé de bonnes choses, même si le dernier accord conclu entre la FOM et les écuries est mauvais, comme il l’avait d’ailleurs reconnu en certaines occasions.

Pour avoir un show, il faut une compétition serrée, des courses disputées. Or pour cela, il faut une distribution différente des revenus. Renault se situe, grosso modo, en milieu de l’échelle en ce qui concerne la redistribution : nous ne sommes pas au bas de l’échelle, mais nous sommes loin du sommet.

Sans entrer dans les détails, nous voulons un certain nombre de choses. Premièrement, la F1 doit rester un spectacle. Deuxièmement, il faut équilibrer les coûts et la valeur de la F1. Il ne s’agit pas uniquement d’une question de coût mais de valeur : si la valeur de la F1 augmente significativement, alors on peut justifier les coûts, pour simplifier. Pour avoir un show, il faut une compétition serrée, des courses disputées. Or pour cela, il faut une distribution différente des revenus. Renault se situe, grosso modo, en milieu de l’échelle en ce qui concerne la redistribution : nous ne sommes pas au bas de l’échelle, mais nous sommes loin du sommet. Grâce à nos partenaires, nous sommes dans une position confortable, car nous ne devrions pas bouger : si des changements surviennent, les équipes les mieux dotées pourraient perdre un peu, alors que nous ne sommes pas opposés à ce que ceux qui se situent en bas reçoivent un peu plus. De ce point de vue, mon passage chez Caterham a été très instructif. Si vous songez aux équipes qui sont arrivées en même temps [Virgin, HRT], plus aucun n’existe aujourd’hui, alors qu’elles étaient dirigées par des gens compétents, tel Graeme Lowdon. Le business model ne fonctionnait pas, tout simplement. Je passais 80 % de mon temps à chercher comment payer les salaires. Chez Renault, je mesure chaque jour la chance de disposer de l’engagement d’un grand constructeur.

Enfin, troisièmement, la F1 doit se poser la question de savoir si elle veut être représentative de l’industrie automobile. J’étais au salon de Genève, et il n’y en avait que pour la voiture électrique. Sur les stands, il y avait beaucoup de Formula E, et peu de Formules 1. Est-ce un sujet de préoccupation ou pas, dans le cadre de cette réflexion sur la pertinence de la F1 par rapport à la voiture de route ? Nous réfléchissons beaucoup à ces questions en interne. Soit la F1 reste dans le format actuel, très coûteux, ce qui justifie les budgets investis, soit elle retourne à des machines plus simples, pour un coût moins élevé. La F1 doit se réinventer, en se choisissant une voie, et nous ne manquerons pas d’ajouter notre pierre à l’édifice, à l’occasion de nos 40 ans de présence en Formule 1.

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