Pierre-lauda-jaune

Niki Lauda qui fait le pitre « au volant » de sa Ferrari à Nivelles en 1974 : autres temps, autres mœurs.

Lorsque j’ai assisté à mes premiers Grands Prix, le professionnalisme s’installait à peine dans une discipline encore réservée à une certaine élite. L’apparition du sponsoring a progressivement démocratisé le sport et je conserve un souvenir ému des années bohèmes de mes débuts, quand l’accès au grand cirque était encore d’une grande simplicité. En devenant journaliste et donc suiveur de la caravane, on était membre à part entière de la troupe qui plantait son chapiteau aux quatre coins du monde tous les quinze jours. Les voyages entre les Grands Prix étaient synonymes d’aventures, partagées avec les copains pilotes, ingénieurs ou journalistes dans un formidable esprit de camaraderie.

Il arrivait certes (souvent, même) qu’un accident vienne ternir cette ambiance joyeuse, hélas avec quelques fois des conséquences funestes, mais cela faisait partie de la course à cette époque.

Quand un crash se produisait, on avait un nœud dans l’estomac tant qu’on n’avait pas vu le pilote sortir indemne de sa monoplace chiffonnée. Il a fallu de nombreuses victimes, et non des moindres, pour que la F1 soit enfin plus sûre, au point que la génération actuelle n’a plus été confrontée à la fatalité (si l’on fait exception du cas particulier de Jules Bianchi). Le sport a aussi été transformé en vitrine technologique pour les grands constructeurs, avec un aspect fascinant même si j’estime que les ingénieurs ont pris trop de pouvoir dans l’élaboration des règlements. Enfin, la F1 est devenue un show planétaire sur lequel l’argent coule à flot, ce qui a eu pour effet de modifier les rapports humains entre les acteurs du paddock et plus encore avec les fans.

On peut le regretter, mais cette évolution est inévitable. C’est le reflet de la société en général et il ne sert à rien de se lamenter sur ces dérives. On peut les combattre, bien sûr, et tenter de ramener le sport à sa juste dimension. Il n’empêche qu’on ne reviendra pas en arrière et que, personnellement, je m’en réjoui. Car l’essentiel est préservé : la F1 reste le sommet de la course automobile et fait toujours rêver les foules dans le monde entier, qu’on le veuille ou non. Quand je vais me placer en bord de piste, je suis plus que jamais subjugué par l’adresse de ces champions d’exception maîtrisant les dérobades de leurs bolides en un habile mouvement du volant. La puissance bestiale d’une F1 est bluffante et ses performances toujours aussi hallucinantes. Je ne m’en lasserai jamais !

Nando

Alonso dans ses œuvres, en plein contre-braquage dans une grande courbe : un régal pour les yeux.

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