Vendredi 25 novembre, Circuit de Yas Marina.
Il est 17 heures locales à Abou Dhabi et la deuxième séance d’essais libres va commencer. Muni de ma chasuble de photographe, obligatoire pour pouvoir observer les bolides de tout près, je me poste à la sortie du virage n° 13, une sortie de chicane assez spectaculaire.
Le soleil se couche sur le complexe de Yas Marina, les lumières bordant le circuit s’allument graduellement et le toit – extraordinaire de design – de l’hôtel Viceroy s’illumine au gré des passages des voitures, virant d’un bleu magnifique à un rouge écarlate en l’espace de quelques minutes.
A la tombée de la nuit, le circuit de Yas Marina prend toute sa dimension.
Certains pilotes s’en donnent à cœur joie, attaquant les bordures comme si les suspensions de leurs monoplaces étaient incassables. Certains autres abordent cet enchaînement bien plus sobrement. Nico Hülkenberg, en confiance dans sa Force India VJM 09, saute littéralement d’une bordure à l’autre. Le futur pilote Renault aime ce circuit et le montre. Son équipier Sergio Pérez est plus propre, cherchant à équilibrer sa monoplace au plus vite pour mieux préparer le virage suivant. Au final les deux styles doivent se valoir, car les temps au tour entre ces deux équipiers sont assez équivalents.
Tous sautent la bordure intérieure, laissent le train arrière se délester, mais contrôlent ce survirage en dosant avec l’accélérateur.
Je me déplace à présent vers le gauche qui suit. Virage lent déterminant une longue ligne droite : le pilote se doit donc de bien le négocier sous peine de perdre beaucoup de temps à la relance. Tous sautent la bordure intérieure, laissent le train arrière se délester, mais contrôlent ce survirage en dosant avec l’accélérateur. Kevin Magnussen a clairement du mal avec sa Renault. Non sans bravoure, il jette sa monoplace dans le virage, puis contrôle tant bien que mal l’arrière qui cherche à lui échapper…
Les Renault souffrent au passage des bordures, nombreuses dans les chicanes de Yas Marina.
Le plus spectaculaire est une fois de plus Max Verstappen. Le pilote Red Bull a vraiment ce petit extra qui fait la différence : de loin, on le voit arriver à l’attaque, faisant danser son fantastique chassis RB12. Le jeune Néerlandais fait corps avec sa machine et la domine avec une facilité qui laisse pantois. Un vrai plaisir à observer.
Je continue ma ballade le long des glissières de sécurité, pour rejoindre 800 mètres plus loin le gros freinage du droit pour le virage n° 17. Impressionnantes d’efficacité au freinage, les monoplaces d’aujourd’hui, me dis-je. En 50 mètres à peine, les pilotes passent de 320 km/h à 60 km/h et descendent 4 rapports à la volée, tout en sautant sur les freins. Les Mercedes W07 sont sur des rails. Tout leur semble facile.
Ce n’est pas le cas des Haas. Les soucis de freins qui ont accablé Grosjean et Gutiérrez depuis le début de la saison, ne sont visiblement pas tout à fait résolus. Le double gauche suivant, très lent, sous l’hôtel illuminé, permet d’observer les monoplaces à la relance. Pas facile de remettre la gomme quand le train avant est paresseux, doit se dire Vettel. Le nez de sa Ferrari SF16-H est peu enclin à se positionner là où son pilote veut le mener. Cette paresse, nous l’avions observée en début de saison à Barcelone et malheureusement les ingénieurs de la Scuderia n’ont pas réussi à la gommer.
Felipe Massa profite à fond de chaque instant de ce dernier week-end en F1.
Il reste une demi-heure dans cette séance et je décide de la passer dans le garage Williams, côté Felipe Massa. Le pilote brésilien, qui va prendre une retraite bien méritée en cette fin de saison, court ce week-end son dernier Grand Prix. Très sympa et accessible depuis qu’on a fait connaissance il y a deux ans, le petit Pauliste est vraiment devenu un bon pote. Etre là, pour son dernier Grand Prix ajoute à mon plaisir et à l’intensité de mon séjour à Abu Dhabi.