Après la fuite du Guardian de lundi, qui confirmait la rumeur du transfert de Paddy Lowe de McLaren vers Mercedes, l’écurie basée à Woking a été obligée de confirmer en urgence le nom du successeur de Lowe à la tête du département technique.

Sans surprise, c’est le Britannique Tim Goss (50 ans dans deux jours, ci-dessus) qui devient le nouveau directeur technique des Gris. Certes précipitée, sa nomination vient couronner une collaboration déjà longue de 23 années. Car Goss est un enfant de McLaren. Après un doctorat en ingénierie mécanique obtenu au prestigieux Imperial College de Londres, il a entamé un post-doc dans le domaine… des moteurs turbocompressés. Il l’a interrompu en 1986 pour rejoindre Cosworth et passer à la pratique en travaillant sur le V6 turbo du motoriste britannique. Nul doute que son savoir-faire en la matière sera particulièrement utile cette saison en vue de préparer le passage à motorisation turbo l’an prochain. Qui a dit que le hasard n’existait pas ?

En 1990, fort de son expérience chez Cosworth, Goss intègre McLaren au poste d’ingénieur de développement chargé de l’installation des moteurs. Ensuite, il va occuper quasiment tous les postes techniques de la maison : après avoir été l’ingénieur de course de Mika Häkkinen, il devient ingénieur en chef des essais privés, puis responsable de la dynamique des véhicules et enfin ingénieur en chef des trains roulants en 2005. C’est à ce poste qu’il supervise la création de la première boîte de vitesses à double embrayage (seamless-shift), qui permet le passage des vitesses sans à-coup.

En 2006, le départ d’Adrian Newey pour Red Bull fait de la place à Woking, et Goss est nommé ingénieur en chef aux côtés de Pat Fry (l’actuel directeur technique de Ferrari, signe qu’une nouvelle génération est bel et bien en train de prendre le pouvoir dans le paddock).

Tim Goss (2ème en partant de la droite) succède donc à Paddy Lowe (2ème à gauche), alors que Neil Oatley et Simon Roberts (aux extrêmes), restent à Woking.

Goss et Fry dessineront les McLaren un an sur deux : à Goss les monoplaces des années paires, à Fry celles des saisons impaires. Comme le rappelle perfidement McLaren sur son site, Goss est le père des McLaren suivantes : la MP4-23 de 2008 (six victoires et le titre pour Lewis Hamilton), la MP4-25 de 2010 (cinq succès pour la paire Button-Hamilton), la MP4-27 de l’an dernier (sept victoires), et la MP4-28 de cette campagne… Comprenez : c’est Fry qui a dessiné la catastrophique MP4/26 de 2009, alors qu’il faut préciser qu’il est aussi le père des honorables MP4/22 de 2007 et MP4/26 de 2011. En 2011, un an après le départ de Fry pour Maranello, Tim est nommé directeur de l’ingénierie, alors que Paddy Lowe devient le quatrième directeur technique de Woking depuis l’ère Dennis, après John Barnard, Gordon Murray et Adrian Newey. Un rôle qu’il n’aura finalement pas tenu longtemps…

Reste que le départ de Lowe affaiblira McLaren : c’est lui qui a redressé le département technique de Woking après le départ d’Adrian Newey, lui qui a poussé pour la simulation à une époque où Ferrari limait le bitume de Fiorano, lui qui a fait de Williams une pionnière des assistances au pilotage (suspension active, transmission semi-automatique, antipatinage) et qui a initié plusieurs innovations chez McLaren (les freins pilotés). Son départ vers Mercedes, où il rejoindra son ancien collègue Lewis Hamilton, s’inscrit dans une vaste restructuration de l’organigramme de Brackley (que nous analysons dans le nouveau numéro “Guide 2013” de F1i Magazine, en kiosque dans les prochains jours).

Lui succéder ne sera pas simple, mais Goss a fait ses preuves – même si elles sont moins médiatisées – et peut compter sur l’exceptionnelle réserve de matière grise de McLaren, affaiblie par ce nouveau débauchage de la part de son ex-partenaire Mercedes, mais pas morte pour autant.

Le tandem Paddy Lowe-Tim Goss présidait aux destinées techniques de McLaren depuis 2010.

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