Brackley Factory Imagery

On l’a un peu oublié aujourd’hui, mais la conception des châssis 2017 n’a pas été une mince affaire pour les designers des écuries de F1. Confrontés à un nouveau règlement technique, ils ont dû respecter les normes mais aussi prévoir l’inattendu, histoire de laisser toutes les options ouvertes. Comment ont-ils fait ?

ANTICIPER L’INCONNU

Comment prévoir l’imprévisible ? Il y a plus d’un an, les designers des écuries de Formule 1 étaient en train de plancher sur un tout nouveau châssis, devant répondre à un règlement technique inédit. Or, alors que la transmission ou la monocoque étaient fabriquées, le travail aérodynamique sur les nouveaux volumes de la carrosserie se poursuivait le plus tard possible.

Pour les bureaux d’études, le défi était de lancer en même temps différents programmes, prenant chacun en charge un aspect de la voiture, tout en les adaptant constamment selon les progrès accomplis dans chaque domaine.

“La construction du programme global, pour toute la voiture, est un sacré boulot, confirme le directeur technique en charge du châssis chez Renault, Nick Chester. Car pendant ce processus, on peut tomber sur un problème qui va nous retarder ou, au contraire, sur une occasion à saisir. On est souvent tenté de repousser une partie du programme après avoir découvert quelque chose d’intéressant en soufflerie… Le planning doit être adapté continuellement, mais en gardant toujours à l’esprit que les échéances de fabrication doivent être respectées. C’est assez compliqué à gérer !”

© WRi2 — John Owen, entouré par Nico Rosberg et Lewis Hamilton à Silverstone en 2016.

D’où le dilemme des ingénieurs, obligés de figer certaines pièces (les délais de fabrication n’étant pas compressibles à l’infini) tout en ne fermant pas la porte à de futures voies de développement aérodynamiques potentiellement intéressantes… mais encore inconnues. Pour trouver la quadrature du cercle, on a eu l’idée de créer un châssis modulable chez Mercedes :

“J’ai fixé l’objectif de construire une voiture à 90 % pour 2017 explique John Owen, le designer en chef de Mercedes au magazine F1 Racing. Cela peut paraître un peu étrange de ne pas viser un dessin accompli à 100 %, mais lorsque la donne technique évolue, on n’est jamais absolument sûr des défis qui se présenteront à nous en cours de conception : comment les règles vont évoluer, si les pneus vont se comporter différemment de ce qu’on avait prévu, etc.”

“Bref, il y avait vraiment beaucoup d’inconnues. Par conséquent, nous avons essayé de dessiner une voiture qui puisse ʻcouvrir’ le plus possible de circonstances, en acceptant qu’elle ne soit pas un sommet d’optimisation. Cela, ça vient deux ou trois ans après un changement réglementaire.”

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