Sean Bull_Illu_article

© Sean Bull Design

Le « vintage » semble être l’une de vos marques de fabrique.

En effet, je suis un grand fan des designs des années 70-80. Pour moi, ils représentent le summum en matière de classe. La manière dont ils rendaient les voitures élégantes continue d’inspirer le travail des designers modernes. Il y a encore de la place pour du ‘classique’ sur une voiture d’aujourd’hui. La rencontre des deux peut faire naître des projets incroyables.

En matière de déco, qui s’en sort le mieux en F1 de nos jours ? Une préférence ?

J’ai eu la chance d’aller à Silverstone la saison passée (invité par Prema et Charles Leclerc pour qui il a réalisé la décoration de casque, ndlr.), cela m’a permis d’approcher les voitures et de mieux les comprendre d’un point de vue visuel. Comme coups de cœur, je citerais Ferrari, les Williams Martini et Red Bull. Je souhaiterais parfois que la F1 mette plus en avant les livrées et la façon dont elles sont conçues. Pour un sport aussi évolué, c’est dommage qu’un aspect aussi important soit un peu passé sous silence.

Pour le moins bon, j’ai été plutôt déçu des choix de McLaren. Selon moi, ils devraient se caler sur une seule et même direction, quitte à revenir à l’orange ‘papaye’ d’antan ou bien à faire évoluer la marque. La livrée 2017 était une sorte de mélange mais l’ensemble manquait de sexy. A l’inverse, regardez l’accueil incroyable qu’ils ont eu à Indianapolis avec Alonso. Cela montre que McLaren a l’expérience pour concevoir de belles livrées.

Où puisez-vous l’inspiration pour chaque projet ?

Cela varie en fonction du client. Certains sont encore au stade de start-up ou veulent rafraîchir leur marque. Dans ce cas, ils me fournissent les tons et couleurs de base et à moi de faire le reste. Parfois, certains designs ont une telle histoire derrière eux que je ne peux pas trop y toucher. C’est le cas de plusieurs projets sur lesquels j’ai travaillé et que l’on verra en course en 2018.

Pour l’inspiration, j’adore puiser dans ce qui se faisait avant. Les anciennes livrées iconiques marchent très bien auprès des fans. Sinon, je regarde aussi ce que font les grandes marques, y compris en-dehors des sports mécaniques, comme Nike ou Adidas, par exemple. Ils osent prendre des risques pour imaginer de nouveaux produits.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre processus de création ?

Pour chaque projet, le plus difficile à créer est le template de base. Souvent, j’ai recours à des images en haute-résolution ou des documents 3D pour créer les contours de la voiture dont j’ai besoin. Puis je crée petit à petit la livrée en l’ajustant aux contours de la voiture. J’accorde beaucoup d’importance à ‘l’habillage’ de mes modèles, c’est-à-dire recréer artificiellement les zones de brillance, les ombres, les reflets pour approcher autant que possible de la réalité. Les clients apprécient de pouvoir contempler leur voiture comme elle ressemblerait une fois en ‘en piste’.

La livrée « Indy » de McLaren, l’un des coups de coeur esthétiques de Sean Bull en 2017 (© DR)

Réagir à cet article